Voilà une semaine que Wolf s'était enfin dévoilé à Regina. Une semaine que son être tout entier était rongé par l'inquiétude. Une semaine qu'il rageait intérieurement de savoir qu'il avait perdu, qu'il avait été faible, mais qu'elle aussi. Malgré cela, il avait vécu sa vie comme d'ordinaire. Il se contentait de travailler, avait tiré un trait sur les femmes ne serait-ce que le temps d'être sûr de la fidélité de Regina, et passait donc ses soirées devant sa télé ou à son bar préféré, en compagnie de quelques uns de ses amis. Il avait confiance en elle, évidemment, mais la crainte lui nouait tellement le ventre qu'il voulait être sûr. Qu'il avait besoin d'être persuadé qu'elle n'aimait et n'aimerait que lui, malgré le fait qu'il disparaîtrait un jour. Malgré sa mortalité.

Alors voilà qu'il se retrouvait au lac gelé. A l'endroit même où, une semaine plus tôt, sa vie avait pris un chemin totalement autre que celui qu'il lui avait donné. Il s'était installé sur cette même souche où il l'avait prise dans ses bras, l'avait embrassée, et fixait désormais l'étendue d'eau glacée d'un oeil absent. La Lune s'y reflétait si fort qu'il en avait mal aux yeux. L'endroit tout entier était baigné par lumière agréable de l'astre nocturne. Le seul bémol demeurait certainement dans la température. Pour un peu, il aurait usé de sa transformation pour se tenir au chaud. Mais elle ne tarderait pas à arriver. Il le savait, il le sentait.

Wolf rejeta sa tête en arrière, les paupières désormais closes. Il espérait. Silencieusement, mais il espérait. Si bien qu'il s'en trouvait déplorable, pitoyable et en avait presque envie de sortir Discorde et de se faire exploser la cervelle. Wolf Wixor, tombeur de ces dames et loup alpha, s'était entiché d'une petite reine capricieuse et avait désormais peur qu'elle le jette. Wahou. Il en perdait toute sa classe, sa renommée et sa crédibilité.
Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il rouvrait les yeux pour les guider vers les étoiles. Il n'en montrerait rien. Sa faiblesse ne lui ferait pas défaut. Il serait le même, quitte à ce qu'elle ne sache certainement jamais qu'il l'aimait beaucoup trop pour la laisser l'abandonner.

Spoiler:

▽ Seems somebody put out the moon.

Tu n'étais pas du genre à attendre. Tu n'aimais pas ça. Tu n'étais pas de ces personnes que l'on pouvait faire patienter plus de vingt minutes sans avoir une tête coupée. Oh non, tu étais patiente, ce n'était pas ça le problème. Tu trouvais ça juste insultant que les gens pensent que tu aies le temps. Une femme qui prend son temps, c'est beau, mais uniquement quand c'est bien fait. Et tu savais comment bien faire les choses. Parce que c'était dans ta nature. Pourtant tu avais attendu une semaine. Une semaine entière. C'est même toi qui l'avait décidé.

Talons aux pieds, robe noire et rouge pleine de dentelles et un collier d'or au cou, tu ne semblais vivre que pour attirer le regard sur toi. Tu étais l'élégance. La beauté aurait pu être un mot inventé pour toi. Parce que tu étais ça et uniquement ça. Une figure, un visage, une façade que les gens admiraient sans comprendre toutes les horreurs qui se cachaient derrière. Tu avances fièrement, la pleine lune éclairant ton joli visage pensif. Une légère brise caresse tes épaules et tes jambes nues. Tu secoues doucement ta tête, passes une main dans ta chevelure rose pour la faire passer derrière ton dos. Était-il nécessaire de te montrer aussi grande et majestueuse alors qu'il n'y avait que toi, sur ce chemin gelé ?

Tu n'avais pas froid. Tu n'avais jamais froid de toutes façons. Ou même chaud. Tu n'avais jamais rien eu. Sauf à ce moment-là. Il y a une semaine. Tu avais eu chaud. Parce qu'enfin ton cœur battait. C'était comme avant, avec Jack, quand il te prenait la main. C'était mieux qu'avant, parce qu'avant tu ne savais pas ce qu'était la mort. Wolf te délivrait. Il t'ouvrait la porte vers une vie qui t'était inconnue. L'inconnu te faisait peur. Tu avais peur de la lumière, de la vie, des soupirs, tu avais peur de respirer et de sentir ton cœur. Parce que tu avais peur que comme Jack, il meurt. C'est ce qui allait arriver, pourtant, pas vrai ? Il n'était pas éternel. Tu inspires. Tu fermes les yeux, t'arrête un instant.

Pourquoi allais-tu le rejoindre si tu étais effrayée à ce point ? Tu ne ferais plus demi-tour, de toutes façons. En fait tu as toujours eu l'intention d'y aller. Tu ne t'arrêtais pas. Jamais. Parce que ce n'était pas digne d'une reine de reculer. Tu étais bornée et têtue. Mais c'est ça qui faisait de toi la personne que tu es. Une grande reine qui ne demande qu'à se relever de sa tombe. Tu arrives au lac.

Il était là, dos à toi, la tête relevée vers les étoiles. Tu souris. Que t'arrivait-il donc, douce Regina ? Tu avances, sans un bruit. Tu étais douée, pour ça, pas vrai ? Au même titre qu'attirer l'attention, te faire discrète, c'était dans ta nature. Parce que tu ne vivais pas. Parce que tu étais un fantôme. Que c'était ça, ce que tu étais. Tu places ton visage face au sien, tes cheveux et leur odeur venant caresser son visage et ses narines. Tu esquisses un sourire.

« Je t'ai fait attendre ? »

Il ne sursauta pas, au contraire : Il se délecta de chaque millième de seconde qui s'écoula lorsqu'elle se pencha sur lui, s'enivra de son parfum qui l'embauma tel une étreinte délicate et se plût à l'écouter parler. Un sourire naquît sur ses lèvres. S'il avait attendu ? Oui, toute une semaine même, mais l'attente en valait la chandelle. Et elle venait de le libérer de toutes ses inquiétudes par sa seule présence. C'était à la fois merveilleux et étrange. Une sensation qu'il aurait désiré ressentir éternellement.

Il riva son regard dans le sien, détaillant son visage parfait avec une délicatesse qu'on ne lui avait jamais soutirée auparavant. Et désireux d'en voir plus, il releva la tête pour lui voler un baiser puis se tourna vers elle, ravalant un hoquet. Elle était à tomber. Si bien qu'il en sentît presque ses instincts animaux lui hurler de la défaire de cette robe qui l'incitait effroyablement à la débauche. Mais pas ici, pas maintenant, pas dans ces conditions. Alors il se contenta de l'admirer. Parce qu'elle était tout. Parce qu'il savait que d'ici quelques heures, elle partirait, et qu'il devrait encore attendre pour à nouveau se plaire de sa présence.

« Pas réellement. Mais plus je te regarde et plus je me dis que j'ai bien fait de patienter quelques minutes. Je peux voir ce qu'il y a sous la robe ? »

Il fît mine de se pencher, un sourire franc et amusé aux lèvres. Toutefois, il n'alla pas soulever sa tenue, question de respect. Au lieu de ça, il glissa bras autour des hanches de la jeune femme et l'attira contre lui, posant alors sa tête sur son ventre en fermant les yeux. Il avait conscience de son aspect faible actuellement. Mais elle était une reine. Sa reine. Alors il n'en avait cure.

Silencieux, il resta ainsi un long moment, avant de finalement la relâcher pour se relever et prendre l'une des mains de Regina dans les siennes, se penchant pour déposer un baiser délicat sur son front. Sa peau était douce, tellement qu'il se contenta de la frôler de ses lèvres, de peur de s'en obséder. Il était heureux, son coeur battait à tout rompre, son sang bouillonnait dans ses veines et, s'il avait pu, il l'aurait gardée contre lui la nuit entière et bien plus encore. Elle le rendait totalement fou.

« Tu t'es mise sur ton 31 spécialement pour moi ? Je suis flatté. »

Il la taquinait, évidemment. Lorsqu'il avait accepté de perdre et de la délivrer de toutes ces barrières qu'elle s'était imposée, avait-il mentionné un potentiel changement dans sa personnalité ? Pas le moins du monde. Et il savait pertinemment qu'elle se plaisait à admirer tout ce qu'il était.

▽ Seems somebody put out the moon.

Tes pupilles le suivent, sans broncher. Tu sembles hypnotisée par sa malice, par son sourire, par sa vie qui émanait tout autour de lui. Il passe ses bras autour de toi, tu sens ta poitrine se lever. Il dépose son visage contre ton ventre, elle redescend. Tu respires. Comme avant. Comme cette nuit où vous vous étiez rencontrés une nouvelle fois. Tu passes une main dans sa chevelure, un sourire égayant tes si jolies lèvres. Tu le regardes, paisiblement, ton cœur battant à nouveau. Ce n'était pas douloureux. Ce n'était pas dangereux. C'était agréable, confortable, c'était lui.. et toi. C'était vous.. et personne d'autre.

La nuit douce et fraîche vous tend les bras tandis qu'il monopolisait tes hanches délicates. Il aurait pu rester là des années que ça n'aurait rien changé. Tu aurais toujours adoré ça. Sa chaleur, sa présence, chacun de ses mouvements était divin, la moindre respiration, le moindre spasme, tu t'en délectais. Tu passes ta langue sur tes lèvres et le laissa t'embrasser le front, tes paupières s'abaissant à son contact. Tu passes une main sur les tissus qui te séparaient encore de son corps, dans le bas de son dos. Tu souris, t'approches encore un peu de lui, une main dans la sienne, l'autre derrière lui. Tu poses ta tête contre son torse, son oreille contre sa poitrine. Tu entends son cœur. Son battement te berce, doucement.

« Tu n'as pas remarqué ? Je suis toujours élégante, c'est dans ma nature, contrairement à certains.. »

Vous jouiez au même jeu, pas vrai ? En règle générale, c'était drôle de voir les autres s'énerver parce que tu disais ça. Mais tu ne voulais pas qu'il s'énerve. Il ne s'énerverait pas. Parce qu'il était Wolf. Que Wolf savait ce que tu étais. Que Wolf connaissait la chanson. Tu ne te l'admettais pas facilement mais c'était vrai ; il te voyait. Tu lèves les yeux vers lui. Comme tu aurais voulu t'abandonner, à ce moment-même. Tu aurais tant voulu lâcher toute ta peine, te laisser tomber et le laisser te rattraper, tu aurais voulu que ce soit aussi simple. Sauf que tu avais toute ta fierté debout. Tous tes sarcasmes dans ta gorge. Ils ne sortiraient pas. Pas cette nuit. Tu le serres contre toi, aspire à toi chacun de ces battements comme une drogue, un cachet de plus, un cachet de trop.

« C'est difficile à avouer mais.. Je suis heureuse de te voir. Tu m'avais manqué. »

Voilà. Tu l'avais dit. Tu inspires, enfouis ton visage dans ses vêtements, les yeux rivés au sol. Tu ne montrerais pas tes joues roses, tu ne voulais pas. En fait si. Tu avais très envie qu'il voit que toi aussi tu vivais et surtout lui montrer que c'était parce que lui il était là. Mais tu étais trop droite et trop fière. Alors tu te contentas de le garder contre toi, fermement et tendrement à la fois. Un sourire se dessine sur tes lèvres tandis qu'une larme perle de tes yeux rubis.

« Merci d'être venu. »

Tu inspires. Son odeur t'allume, te sourit, t'embrase, t'embrasse les narines. Tu l'humes, le goutte, te délecte de son parfum. Tu le voulais. Lui. Tout entier. Tu voulais qu'il t'appartienne. Rien qu'à toi, pas à une autre, pas à un autre, qu'il t'appartienne à toi seule parce que c'était juste légitime. Tu voulais qu'il soit à toi pour toujours, jusqu'au jour où tu aurais décidé de lui rendre sa liberté. Sauf qu'il était un loup. Tu ne pouvais pas le mettre en cage. C'était ça qui le rendait si désirable.

Il ne répondît pas à sa provocation. A son sous-entendu comme quoi il n'avait rien d'élégant. De toute manière, à quoi cela lui servirait ? Il n'avait pas besoin d'élégance, il était doté d'une classe et d'un charme naturel. Chose qu'il ne souligna. Il était orgueilleux et frisait le narcissisme, mais pas assez pour briser l'instant présent. Pas assez pour interrompre cette chaleur agréable qu'ils s'échangeaient. Cette étreinte qu'elle lui offrait et qu'il lui rendît en glissant une main dans ses cheveux tandis que l'autre enlaçait sa taille, il ne la gâcherait pour rien au monde. C'était égoïste. Il ne la voulait que pour lui, légitimement. Elle lui appartenait, lui revenait de droit.  

Mais Wolf avait conscience de la fierté de Regina, et s'il venait à évoquer cette hypothèse un jour, Dieu savait à quel point elle risquait de le démolir. Un sourire vague étira ses lèvres face à cette conclusion tandis qu'elle reprenait la parole, faisant légèrement papillonner les yeux du brun. Il omît le fait qu'elle ait avoué que cela lui avait été difficile à prononcer. De toute manière il le savait. Non, sa mémoire était sélective, alors il choisît de ne retenir que le fait qu'elle était actuellement heureuse et qu'il lui avait manqué.  
Son sourire s'accentua tandis qu'il la serrait un peu plus fort contre son coeur, ce dernier manquant de temps à autre quelques battements tant il s'affolait.

« Merci d'être venu. »

Il arqua un sourcil. Merci d'être venu ? Il ne s'étonnait pas du fait qu'elle le remercie en soit à vrai dire, plutôt du fait que ce soit sa présence qu'elle remercie. Comme si elle ne s'attendait pas à ce qu'il vienne, à ce qu'il soit là aujourd'hui, à ce qu'il la serre aussi tendrement dans ses bras à l'instant présent. Et pourtant, il pouvait comprendre cette crainte. Il avait lui-même eu peur qu'elle ne vienne pas. Peur de se retrouver finalement seul sur cette souche où il aurait fini par croire qu'il n'avait fait que rêver. Et il n'aurait plus réussi à la regarder, à lui parler, à la croiser sans que son âme se brise un peu plus à chaque fois. Il aurait fui tout ce qu'elle était, malgré son orgueil. Un loup ne reculait jamais devant l'adversité. Surtout pas un loup alpha. Mais il y avait des obstacles qu'on ne pouvait que contourner sans tenter de les écraser.

« Ne m'impose plus jamais une semaine. C'était... Interminable. »

Voilà. C'était sa façon à lui de lui faire savoir qu'elle lui avait manqué, qu'il s'était langui de chaque seconde sans elle. Mais Wolf était maladroit. Très maladroit. Et les mots qui lui étaient venus à la base pour formuler son attente interminable de la revoir lui avaient semblé bien trop... Délicats et attentionnés. Des mots qui ne lui ressemblaient absolument pas, entre autre.

« Son Altesse Royale avait-elle peur que je lui pose un lapin ? Je ne tenterais pas le coup, ma tête est bien là où elle est. »

Il ne voulait que détendre l'atmosphère. S'empêcher de céder et de lui balancer tout ce qu'il avait sur le coeur. Il avait attendu longtemps avant de finalement pouvoir la serrer dans ses bras. Il pouvait attendre encore un moment avant de lui dire qu'il l'aimait à s'en crever le coeur. Au pire, peut-être ne viendrait-il jamais à le lui dire.
Chassant ces idées de sa tête d'un vague mouvement de celle-ci, il descendît sa main posée sur les cheveux roses de sa Reine vers sa joue, se décalant alors quelque peu pour remonter le visage de celle-ci vers lui. Il se pencha alors sur elle, déposa un baiser délicat sur ses lèvres et souffla :

« J'avais besoin de te revoir. »

▽ Seems somebody put out the moon.

Tu l'inspires, doucement, lui, son odeur, sa présence. Ton cœur bat, ta poitrine te semble douloureuse. Pourtant la douleur t'était si agréable que jamais tu ne voulais qu'elle quitte ton corps. Elle le ferait bien, pourtant, un jour. Tu gardes ta tête contre lui, les yeux dans le vide, tandis que tu l'écoutes sans rien dire. Une semaine ? C'était justement pour ça, que tu avais dit une semaine entière, pas vrai ? C'était pour qu'il te manque.. Pour que tu lui manques. Pour voir si ça avait été le cas. Tu souris. En effet, il t'avait manqué. Au point que tu aurais voulu le retrouver, peu importe le délai que tu avais donné. Sauf que tu étais tenace et bien trop têtue. Alors c'était aujourd'hui. Ça devait être aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, plus que les autres jours, ton corps, ton cœur, ton âme, ta vie.. Tout ton être hurlait ton désir. Ton désir de lui. Ton désir de vous.

Tu penches doucement la tête, pour sentir sa main contre ta chevelure, ton sourire gravé sur tes lèvres. Te poser un lapin n'était pas vraiment le problème. Ce qui t'avait fait peur c'est qu'il ne soit pas là. Après tout, un humain est mortel. Vulnérable. Tu avais peur de ça. Il n'était pas éternel. Toi, tout pouvait t'arriver, tu serais toujours la survivante. Parce que tu étais le monstre qui ne meurt jamais. Mais lui il n'avait pas ces pouvoirs que tu chérissais tant. Et si tu avais pu les conférer à d'autres, Dieu sait combien d'innocents seraient encore vie à cette heure-ci. Sauf que ce n'était pas le cas. Et Wolf était un chasseur. De Dieux, qui plus est. Les Dieux étaient dangereux, même parfois pour toi.. Oui tu avais peur. Non tu ne le dirais pas. Tu voulais lui laisser sa liberté.. Tu avais confiance en ses capacités.

Doucement il relève ta tête. Tu le regardes avant de fermer les yeux, profitant de ses douces lèvres. Tu aurais pu le bouffer si ça ne le tuait pas. Il te quitte délicatement, ton corps frémissant. Tu souris, tes deux mains derrière lui, le gardant contre toi. D'un mouvement d'épaule, tu fais tomber une de tes bretelles, poussant Wolf pour qu'il s’assoit sur la souche. Tu plies une jambe et la passe d'un côté de son buste, ton visage se retrouvant au-dessus du sien, face vers lui. Une main sur son épaule, l'autre tombant contre la souche à côté de lui. Pendant qu'un de tes talons est toujours enfoncé dans la terre, l'autre tombe de ton pied levé. Tu souris.

« Besoin ou envie ? »

Tu inspires, approche ton visage de son cou, inspirant son odeur doucement. Tu lui déposes un doux baiser du bout des lèvres jusqu'à sa peau si chaude. Ta froideur te déplaisait parfois. Mais là, si tu ne l'avais pas été, tu n'aurais pas pu profiter de son aura chaleureuse qui se dégageait de lui. Tu aurais voulu y goûter, le garder contre toi, toute la nuit, toute la vie si tu le pouvais.

« Ou peut-être les deux ? »

Une main derrière sa nuque. Tu lèves l'autre jambe pour t'asseoir sur lui, remontant ton visage face au sien. Tes yeux plongent dans les siens. Tu fermes les paupières. Ton cœur bat. Ta peau est tiède. Tiède ? La reine de glace était-elle occupée de fondre ? Étais-tu d'ailleurs une reine ? Ou sa reine ?

« Wolf.. » Sa reine. « Acceptes-tu d'être mon roi.. Pour cette nuit.. Et toutes celles que tu seras capable de vivre en ma présence ? » Sa reine. Rien qu'à lui. C'était ça que tu voulais être.

▽ Seems somebody put out the moon.

Tu te retrouves assise sur la souche, ta robe passant derrière le tronc. La peau de tes fesses refroidissait au contact du bois givré, ta culotte noire ne couvrant que ce qui avait besoin d'être couvert. Tes jambes nues contre le tronc, tes mains de chaque côté de ton buste, tu te laisses bercer par ses plaisanteries, une pique à laquelle tu ne réponds pas, tes yeux remplis d'étoiles. Tu laisses ton sourire se dessiner à la mélodie de ses dires, laisse le rythme de ton cœur nouvellement battant dicter tes réactions tellement aléatoires.. «Regina..» Tu inspires. Ta poitrine se lève, tes paupières s'abaissent doucement. Tu laisses ta main se faire emporter par les siennes, si douces, si tranquilles, si délicates.. Tes doigts se tendent.

Ton cœur s'arrête.
Tu ne respires plus.
Tu ne bouges plus.

Tu t'arrêtes. Tu te paralyses. T'immobilises. Non. Regina, douce Regina, froide Regina, grande Regina, effrayante Regina.. Serait-ce des larmes décorant ton visage souriant ? Une larme perle, deux, puis trois. Tu ne les contrôlais pas. Tu ne savais pas. Tu n'aurais pas su. Alors elles coulaient, sans retenue, sans te demander ton avis, ton large sourire exprimant tout ton bonheur. Non. Cette fierté que tu avais maintenu, cette grandeur que tu soutenais, cette supériorité que tu appuyais, est-ce qu'elle n'était que le reflet de tes peines ? Avais-tu fait tout ça rien que pour te protéger ? Te protéger de quoi ? De la vie ? Du bonheur ? Doucement tu te mords la lèvre inférieure, les yeux dans les siens. De ta main libre tu viens caresser doucement la joue de ton roi, sans un mot. Pas un souffle. Pas un battement de cœur. « Je le veux. »

Ton cœur reprend.
Tu respires.
Tu vis.

Tu voulais vivre. Plus que tous ceux qui le prétendaient, plus que n'importe qui. Ton unique désir était de pouvoir vivre. La seule personne qui te le permettait c'était Wolf. Parce qu'il était toi, lui, les autres, il était tout, le monde, la vie, la nuit, le jour, la beauté, le bonheur, la tristesse et les pleurs. Il était ton tien. Il était ton tout. Il l'est. Lui, Jack, Stelian. Ces trois hommes à qui tu as dédié une partie de toi.. Ils étaient semblables, pas vrai ? Alors pourquoi est-ce que c'était Wolf que tu avais choisi ? Pourquoi était-il différent ? Pourquoi était-il celui qui était le numéro un ? Wolf te faisait vivre. Wolf te faisait respirer. Wolf te prenait dans ses bras et ça te rassurait. Parce que quand Wolf était là tout pouvait s'arrêter. Ce n'était jamais grave. Parce qu'il était Wolf. Que Wolf était là. Que Wolf était à toi. Rien qu'à toi. Parce que tu aimais Wolf. Parce que tu aimes Wolf. Parce que tu aimeras Wolf.

Une larme atterri sur le dos de ta main. Tu baisses les épaules, détend ton visage, ferme les yeux... Et lui saute dans les bras. Tu n'en pouvais plus de rester assise, ainsi. Tu l'enlaces, le serre contre toi. Vivre était douloureux. Ressusciter était pire. Mais ça en valait tellement la peine pour le plaisir que ça te procurait. Le bonheur à la fois délicieux et insupportable, cette sensation de plénitude était inconnue et elle te faisait peur. Mais ce n'était pas grave. Parce que Wolf était là. Tu l'embrasses. Tu l'embrasses encore. Et encore. Tu fais de ses lèvres les tiennes, tu le gardes contre toi, sans le lâcher. Tu passes ton visage dans son cou.

« Merci.. » Tu fermes les yeux, reprend une respiration normale. « Merci de me faire vivre. »

Il le savait, qu'elle dirait oui. Il en était conscient. Il n'avait pas eu peur un seul instant qu'elle le rejette. Mais le fait de l'entendre de ses lèvres déversa une vague de bonheur si intense en lui qu'il dût en ravaler un hoquet. Wolf resta sans bouger un moment, détaillant le visage de celle qui partagerait désormais sa vie d'un regard brillant. Elle pleurait. Et lui ne pouvait actuellement que regarder ces gouttes salées perler sur sa peau délicate et diaphane, incapable de bouger. Il n'en revenait tout simplement pas. Il était heureux, oui, il en aurait explosé s'il le pouvait. Le bonheur le submergeait tant qu'il aurait voulu courir sur le lac gelé en hurlant à la Lune qu'il n'était plus seul et qu'il avait réussi à délivrer Regina de ces barrières qu'elle s'était trop longtemps imposées. Il voulait la prendre dans ses bras, l'embrasser, lui murmurer encore et encore qu'il l'aimait. Mais il ne pouvait pas bouger.

Il ne pût se reprendre que lorsqu'elle lui sauta au cou, se rattrapant juste à temps pour ne pas se vautrer sur le sol d'apparence peu confortable des alentours du lac. Il rigola. Un rire franc, sincère et profondément heureux, lui rendant ses multiples baisers en la serrant toujours plus fort dans ses bras. Il dévora ses lèvres comme s'il y goûtait pour la dernière fois, fît cette douceur sienne, s'imprégna de leur goût et de l'engouement qu'elles ne manquaient pas d'amplifier. Lorsqu'elle s'éloigna alors, l'une de des mains de Wolf remonta jusqu'au visage de Regina, dont il balaya les larmes du bout des doigts, un sourire collé aux lèvres tandis qu'elle enfouissait son visage dans son cou. Ils étaient deux à vivre désormais. Lui qui auparavant aurait regardé la mort droit dans les yeux si elle était venu à s'approcher, désirait maintenant la repousser à n'importe quel prix. Il vivrait. Pour lui. Pour elle. Pour eux. Il vivrait pour ce sourire qu'il aimait tant voir sur le visage de Regina, pour cet amour qu'il voulait tant lui offrir et lui exprimer. Il voulait qu'elle sache qu'elle était tout.

Wolf ferma alors les yeux, calant sa tête contre celle de sa Reine. Il la garda longuement dans ses bras, déposa de tendres baisers sur sa tempe, et se pencha finalement sur son oreille pour y souffler d'une voix railleuse mais tendre :

« Merci ? N'espères pas t'en sortir uniquement en me remerciant, ma belle. »

Il n'attendait rien de spécial, à vrai dire. Il la taquinait, simplement. Il voulait la voir sourire, autant que lui le faisait actuellement. Il voulait sentir son coeur bondir dans sa poitrine à chacun des éclats de rire de... Sa fiancé. Et il avait énormément de mal à se le dire tellement tout cela lui semblait irréel. Comme s'il n'était que dans un rêve. Cette hypothèse lui traversant l'esprit, il embrassa la mâchoire de Regina et lâcha dans un second souffle :

« Je suis fou de toi, Regina. »

Wolf savait qu'il ne rêvait pas. Il s'agissait seulement là d'une excuse envers sa fierté pour justifier cette soudaine déclaration de sa part. Il en avait énormément dit pour ce soir. Mais au moins, il avait le coeur léger.

▽ Seems somebody put out the moon.

Tes mains parcourent son dos, le sent, le touche, le tâte de toute leur paume, vérifiant qu'il était bien là. Tu l'écoutes, l'entends, te laisse imprégner de sa voix et de ses gestes, de son odeur et de ses mots. Tu attends, tu restes là comme une spectatrice de ton propre spectacle. Tu t'émerveillais à chaque syllabe, chaque note, chaque phrase. Tout son être te caressait le corps, l'âme mais aussi chacun de tes cinq sens. Toute la vie te parcourant te criait de l'aimer, de l'aimer plus, toujours plus, jusqu'à ce qu'il n'y ai plus que lui. Il n'y avait déjà plus que lui. Il n'y avait plus que lui et vous, vous, lui, toi, ton bonheur, le sien, le vôtre. Tu le gardes contre toi, ta poitrine battant si fort que, comme ça contre lui, il aurait put la sentir.

Ton sourire reste gravé sur tes lèvres, tes yeux plein de paillettes et tout ton visage reflétant ton bonheur. Tu le serres encore un peu contre toi. Tu ne voulais pas qu'il parte. Jamais. Tu ne voulais pas qu'il t'abandonne, qu'il te laisse seule. Jamais. Quitte à être seuls, à vous deux, face au monde entier, tu resterais avec lui. Parce que c'était Wolf. Que tu avais besoin de lui, de sa présence, de ses mots, de sa voix. Tu le voulais lui, pas un autre, pas un faux. Wolf. Ses paroles résonnent en toi comme un divin soupir soufflé à ton oreille, comme une merveille à ne jamais gâcher. Tu te contentes de l'écouter, de la laisser te bercer, de la laisser t'emmener là-haut, jusqu'en haut de l'arc-en-ciel. Tu ouvres les yeux, passe tes jambes autour de lui. Ton autre bretelle tombe. Tu le regardes dans les yeux. Ton sourire demeure. Et tu l'observes. Ton regard seul lui répondait avec tant d'amour..

« C'est bizarre.. »

Tes joues se colorent de rose, ta peau si froide d'habitude est chaude.. Que t'arrivait-il ? Avais-tu une part humaine en toi, la si terrible vampire ? La si impressionnante reine ? Étais-tu vraiment ce que tu prétendais être ? Ou justement ne faisais-tu que le prétendre ? Douteraient-ils de toi ? Ils pouvaient, ça te serait égal. Car maintenant plus rien d'autre n'importait que lui. Que toi. Que vous. Le monde pouvait agoniser, ce serait la même chose. Parce que maintenant tu ne voulais plus d'une vie vide de lui.  

« Normalement je ne respire pas.. »

Ton regard passe sur tes chaussures restées au sol. Tu les attrapes d'une main, t'installe telle une princesse dans les bras de Wolf et te blottit contre lui, contre son cœur. Tu avais besoin de sécurité, de chaleur, de lui. De sa protection, de sa garantie, de lui. Tu avais besoin de lui. Juste de lui. Tout entier. Tu fermes les yeux, ton sourire s'élargit. Tu avais peur de toi. Tu avais peur de ce que tu étais. De ce que tu pourrais faire. Penser. Imaginer. Inventer. Ne gâche pas tout, je t'en prie.

« J'ai besoin de toi.. Sans toi je ne vis plus.. Et si je ne vis plus je demeure une reine pitoyable comme je l'ai été tant d'années.. » Tu relèves la tête vers lui, rouvres les yeux. « Emmène-moi.. »