e n'était un secret pour aucune des divinités qu'Hermès avait cotoyé, le Messager avait depuis longtemps abandonné son cœur à l'Homme. Pas à un en particulier, mais bien à tous. Le Dieu avait bien ses préférences, ces petites choses qui le faisaient irrémédiablement tourner les talons dans sa course, mais il trouvait que tous possédait quelque chose d'unique, capable de lui faire vivre d'innombrables histoires. Alors la monogamie pour lui, n'était bonne qu'un temps et de préférence aussi courte que fiévreuse. Surtout quand celle-ci était blonde, poilu - beaucoup trop à son humble avis, mais c'était un sujet sensible avec sa rousse - et qu'elle se faisait la malle au petit matin.

C'est que le pachyderme se pensait discret, suffisamment pour laisser l'esprit de Freiderick en paix certes, mais pas celui du porteur de talaria en elle. A qui pensait-il avoir à faire ? Il était celui-là même qui avait inventé le concept du j'me barre au petit matin nom d'un cheval ailé. Une paire de chaussette et un juron de coin de table plus tard, monsieur fermait la porte et Hermès se traînait à l'autre bout du lit pour offrir un lot de grimaces plus où moins vulgaires à travers la vitre au malotru. Il ne pouvait pas sentir cette espèce de fausse réincarnation cyclopique et il avait fallut que sa rouquine jette son dévolue de sangsue sur lui.

Il savait qu'Aphrodite se vengerait un jour, la teigne.

Dans un soupire, il tirait l'ordinateur abandonné sous le lit par habitude. L'appareil allumé, il consultait sa page interwebmachinbidule personnelle et bien entendu inconnu au bataillon de Freid, il tenait à sa bonne santé mental, merci bien. Et comme si la journée n'avait pas assez mal commencé, il n'y avait absolument rien de nouveau sur les réseaux sociaux, ni photos, ni vidéos, pas même la plus petite vacherie croustillante, et le coup du poivrot déguisé en sapin de noël c'était un classique. Préférant fermer l'écran plutôt qu'assister à ce désastre, Hermès se vautra de nouveau entre les couvertures. L'ennuie, ça craignait. Le problème étant qu'il avait pas mal enchaîné les idées foireuses avec sa fidèle acolyte et il commençait à être à sec.

Il du bien fixer la porte un long moment avant que la perfidie toute simple pointe son nez. Non seulement il allait tromper l'ennuie mais en plus pourrir la vie à Melenichou, d'une pierre deux coups. Alors il s'installa confortablement sur le rebord du lit, ferma les yeux et chercha à connecter son esprit à celui de Freid, histoire de la réveiller de la façon la plus douce qu'il soit.


Ce réveiller en sursaut est désagréable, mais en venir à tomber de son lit et manger la moquette, ça l'est encore moins. Tu comatais un peu lorsque tu te redressais, autant emmêlée dans tes draps que la tignasse rousse qui te faisais fasse. En cherchant un appui avec ton lit, tu cherchais par la même occasion à attraper un membre du salaud qui partageait ton lit, persuadée que c'était lui qui t'en avait éjecté et prêtes à te venger. Hermès t'indiqua que tu perdais ton temps d'un ton doucereux, ce qui te fît redresser les sourcils. Effectivement, lorsque tu réussis enfin à te mettre debout, il n'y avait pas de trace de Melen mais loin de paniquer, tu pensas simplement qu'il était partit occuper les toilettes dans toute la majesté de la chose.

Il objecta mais sans y prêter attention et traînant les pieds jusqu'au frigo, tu récupérais au passage ton portable pour y voir l'heure. Il était très tôt et tu t'en étonnas au vu de la soirée que tu avais passé hier, tu prévoyais d'ailleurs de te recoucher et tu portais ton choix sur la bouteille de multifruit avant de fermer la porte du frigo. Buvant de grandes gorgées à même le goulot, ton colocataire spirituel t’expliqua dans des termes bien à lui que t'épuiser c'était bien pour pas que tu lui tombes dessus quand il essayerai de se barrer en douce.

Recrachant le jus par les narines et t'en foutant partout au passage, tu t'étranglais un moment avant de faire face au miroir, sur d'y voir Hermès. Celui-ci, un grand sourire au lèvre, te répétait que Melen s'était barré comme un voleur, te laissant seule avec un lapin. Et tu savais que c'était bien le genre de chose qui pouvait le mettre en joie.

Les mains crispées, l'une sur la bouteille orangé et l'autre sur ton téléphone qui répétait les tonalités d'appel, tu faisais face à la cuvette fermée de tes toilettes. Tu pouvais entendre Hermès se marrer comme une baleine, se qui n'aidait pas à rester calme.

« J'te laisse trente secondes pour chercher une excuse potable Holmlundi et après on pourra partir dans une longue conversation désagréable. A moins que tu me dises directement la vérité, histoire qu'on gagne du temps et que je retourne plus vite dans un lit que tu n'es pas près de revoir, la secrétaire. »