Sujet: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Dim 8 Fév 2015 - 14:28
Le petit théâtre de papier
"Un mendiant bien portant est plus heureux qu'un roi malade" Proverbe chelou
Oscar Queensberry avait tout un monde dans sa tête.
Dans ce monde, les couleurs, les formes, les textures, les contours étaient d'une harmonie et d'une pureté totale. Tout y était exactement à sa juste place, empilé dans un désordre savamment organisé. Ce monde était accueillant, chaleureux, rassurant, paisible, et rempli de couleurs. Les nuits y regorgaient d'étoiles et les jours s'y écoulaient excessivement lentement. Les constructions les plus extravagantes et biscornues le peuplaient. Pas de ces bâtiments hideux dont raffolent les grandes villes. Il y régnait en maître absolu, s'assurant que rien ne vienne troubler le décor, que rien ne dépasse. Que tout ne soit qu'harmonie et pureté.
C'était ce monde là qu'il voyait, là où tout autre n'aurait vu qu'une étendue de neige. À ses yeux le monde qui l'entourait était une immense toile vierge sur lequel exprimer ses maigres talents. Cette cité perdue dans le froid des montagnes avait donc tout pour aiguiser son intérêt : tout y était uniformément blanc. Il n'y avait pas un endroit qui ne fusse recouvert de givre.
Cette blancheur, qui n'était que la somme d'une infinité de couleurs entremélées, offrait à ses pupilles affutées un spectacle d'une splendeur sans pareil. Elle lui aurait presque fait oublier le vent glacial qui lui lacérait la peau.
Une fois de plus, il porta à ses lèvres le goulot de la flasque qu'il gardait dans la poche de sa veste et lapa avidemment les dernières gouttes d'eau de vie qu'il pu lui soutirer avant de jeter le flacon vide dans la neige.
Une fois de plus, il sentit le précieux liquide lui réchauffer les veines, apaisant pour un temps la douleur dans ses guiboles. Il ne connaissait décidemment pas de meilleur compagnon de voyage.
Il avait débarqué alors que les rayons du soleil commençaient à décliner, les pieds meurtris par une journée de marche harassante, la bourse et l'estomac vide mais des idées plein la tête, et dans ses bagages, un plan. Le succès ne tient souvent qu'à un éclair de génie : Oscar, lui, avait vu la lumière lors de sa dernière escale, par une froide nuit étoilée où il s'était découvert un talent inattendu. Et il comptait bien le mettre à profit.
Il allait mettre au point une nouvelle forme d'art, quelque chose de jamais vu auparavant qui allait, sans aucun doute possible, lui assurer la reconnaissance qu'il recherchait déséspéremment.
Il ne lui restait plus qu'à trouver son public. Et de quoi manger. Pas forcemment dans cet ordre d'ailleurs.
Depuis qu'il avait pris la route, son estomac ne cessait de geindre. S'il avait jusqu'alors fait la sourde oreille, il devenait difficile d'ignorer le vide tonitruant dans son ventre, d'autant que ses jambes épuisées rechignaient de plus en plus à le porter et qu'il avait de grandes difficultés à marcher droit. À moins que ce ne fusse l'alcool qui coulait dans ses veines.
Il lui fallait trouver un endroit stratégique. La cité était connue pour attirer les touristes, il lui suffisait de trouver le lieu qui les rassemblait tous et d'y planter son décor.
Il avait vaguement entendu parler d'une grande place avec une fontaine au centre mais il peinait à la trouver, ses repères spatio-temporels étant noyés dans le whisky. Ses jambes le guidèrent par pur hasard dans la rue commercante, où les badauds se pressaient encore, malgré l'heure tardive et le froid de plus en plus rude.
Le vagabond se dit qu'il avait trouvé là son terrain de jeu. Le mélange hétéroclite de couleurs qui bariolait les échoppes l'enchantait. Il les contemplait béatement, songeant à la façon dont il pourrait les arranger à son goût.
Son regard s'arrêta en particulier sur la vitrine d'un magasin de jouets artisanaux : une multitude de petits personnages multicolores y trônaient, surplombés par des modèles réduits d'avions et des oiseaux articulés en plein vol, le tout sculpté dans du bois, avec un soin tout particulier apporté aux détails.
C'était à n'en pas douter l'oeuvre d'un artiste. Frappé d'admiration, Oscar colla son front à la vitre, à la fois pour tenter d'apercevoir l'intérieur du magasin et pour empêcher son corps de basculer, car il sentait le sol l'attirer irrésistiblement. Dans son esprit embrumé par l'alcool, une idée germa tout à coup : il fallait qu'il parle au propriétaire de cette boutique immédiatement. À grand renforts de volonté, il se redressa et poussa la porte.
Le type derrière le comptoir lui tournait à moitié le dos, le visage dissimulé par une masse de long cheveux sombres. Alors qu'il s'approchait de lui, Oscar sentit la boutique tanguer sous ses pas. Il détestait quand elles faisaient ça.
« Excusez moi... »
Il sentait qu'il devait faire vite car un mélange malencontreux d'ébriété, de fatigue et de fringuale menacait de le faire s'écrouler incessament. La pièce continuait d'osciller de façon inquiétante et ses couleurs trop vives lui enflammaient la rétine.
Le propriétaire de la boutique se tourna alors vers lui, révélant un visage défiguré par une brûlure qui lui grignotait la joue gauche. Oscar se demanda s'il s'agissait là d'un autre tour de son cerveau. Le fixant d'un air perplexe comme s'il venait de croiser un éléphant rose, il désigna sa joue d'une main hésitante, comme pour informer le fabriquant de sa propre difformité.
« Vous avez...vous avez quelque chose sur le... »
Il n'eut pas le temps d'en dire davantage avant que le sol ne vienne le heurter brutalement. Enfoiré de sol.
Dernière édition par Oscar Queensberry le Dim 10 Mai 2015 - 19:51, édité 2 fois
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Mer 11 Fév 2015 - 18:59
On the verge to fall
le petit théâtre de papier
Tu tenais la boutique. Ou plutôt tu gardais la boutique. Tu n'allais pas tarder à fermer, tu aurais déjà dû le faire, Astrid était partie. L'ambiance avait été en quelque sorte étrange et tendue toute la journée l'un et l'autre vous vous teniez en garde du coin de l’œil. Tu aurais déjà dû fermer mais tu était fatigué de toute ce fatras de trucs qui faisait de ta vie un bordel innommable. Tiens déjà de vivre était suffisamment étrange et difficile à gérer comme ça. Hier tu avais du faire les courses, qui aurait cru que c'était autant à la guerre comme à la guerre dans un supermarché ? Les gens sont fous, les humains sont tous totalement tarés parfois tu ne comprends pas à quel point cela peut être un drame de manger des lentilles Bonduelle et non pas des Raynal et Roquelaure. Même pas une semaine et sans Jimminy pour t'émouvoir avec sa fragilité, avec son caractère de merde, ses sautes d'humeur et sa passion enfantine pour la boutique tu te serais cru dans la royaume de Hel.
Quand un visiteur entre tu hésites entre lui dire que vous fermez ou simplement le laisser faire son petit tour. Au final la fatigue l'emporte et tu marmonne un « Bonsoir et bienvenue ». Tu sens de derrière le comptoir l'odeur de l'alcool imprégnée ton visiteur et le chien de garde en toi fronce les sourcils et se retient in extremis de grogner. Mais absolument de foutredieu de personne ne dit du mal de l'apparence de ton Jimmy. C'est ton bébé, ton gosse, toi qui l'a élevé (dans sa propre tête oui pauvre gamin) et tu sais qu'il a souffert et souffre de sa difformité. Quand quand il sort il met du fond de teint même si ça fait tapette d'en acheter pour l'atténuer au maximum, qu'il porte des gants quasiment 24h sur 24 pour ne pas qu'on remarque ses doigts en bois, qu'il supporte le martyr en été avec ses manches longues pour la même raison. Alors non, par le Allfather, non personne ne dit rien sur l'apparence de Jimmy sans se faire engueuler comme du poisson pourri parce que tu l'interdis, tu leurs interdis à ces humains adorés de faire du mal à ton humain à toi.
Oui Heimdallr, quand tu t'énerves ton monde passe en bi-mode : ce que tu protèges, le « à toi » et le reste, les « tu vas prendre cher ». Mais avant même que tu ne finisses de penser à lui refaire sa face version hachis de courgette, il s'écroule. Ton bi-mode s'écroule avec lui.
Tu cours près du corps étalé, vérifies le cœur et la respiration. Tout semble plutôt normal mais tu crains le coma éthylique, tu songes à l'amener directement au building de l'hôpital Blackwood. Allez, tu lui mets deux grandes claques dans la figure (vengeance de l'honneur de Jimmy puis pour le réveiller voyons). S'il ne se réveille pas d'ici deux minutes tu appelles une ambulance. Tu le prends sous les épaules et le soulève de la force de microbe de ton hôte puis tu le tires jusqu'à une chaise. De là tu l'appelles en le secouant un peu.
« Hey réveilles-toi vieux. Tu ne tiens pas assez la bouteille ou quoi ? Quelle idée aussi de se bourrer la gueule par ce froid, tu dois frôler l'hypothermie »
Oui parce que l'alcool c'est traitre comme boisson, sensation de chaleur et refroidissement corporel ne font pas bon ménage quand on se balade dans les rues gelées de Froënbourg. Tu continues à marmotter des trucs de grand-père tout en le frictionnant les bras et le torse. Il n'est vraiment pas habillé de grand chose en plus et est-ce qu'il a mangé un bout au moins il a la peau sur les os et patati et patata. Ton monologue est sans fin.
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Mar 17 Fév 2015 - 9:33
Le petit théâtre de papier
« C'est pas moi , c'est la gravité »
Icare
Alors qu'il s'apprêtait à sombrer dans les bras de Morphée – où plutôt que Morphée s'apprêtait à le chopper par la peau du cou pour lui montrer qui était le patron – il fut tiré de sa léthargie par une paire de baffes bien placées qui lui soutirèrent à peine quelques borborygmes de protestation. Du fond de sa torpeur, il entendait les faibles échos d'une voix qui semblait lui faire la morale, tandis que deux bras le soulevaient pour le traîner du mieux qu'ils pouvaient jusqu'à la chaise la plus proche.
Ses yeux s'entrouvrirent doucement, recevant de plein fouet les couleurs chaleureuses de la boutique dans les rétines. Du mauve, du bleu, du beige, du rose : une véritable orgie. Encore sous le choc de sa chute inopinée, il tenta de rassembler les morceaux de son cerveau pour se rappeler où il était et comment diable il était arrivé là. Et qui était donc cet homme qui s'appliquait à le frotter vigoureusement de la tête au nombril ?
Ce n'était pas forcément désagréable, d'accord, mais il trouvait quand même cela un petit peu cavalier. Il aurait au moins pu lui payer un verre d'abord.
Il se rappella soudain que c'était lui qui était venu l'interpeller, après être tombé en arrêt devant sa vitrine, et avant de s'étaler de tout son long sur le plancher de son magasin. Il avait voulu lui parler de quelque chose d'important, mais un détail l'avait perturbé, lui faisant momentanément oublier tous ses beaux projets.
Ce visage.
Oscar avait une obsession étrange pour les physiques atypiques. Les tronches en biais, les gueules cassés, les balafrés, les déformés, les ratages de la nature, les accidents industriels : tout ce qui semblait sortir tout droit d'une peinture cubiste ou du cauchemar d'un héroïnomane lui collait des frissons. Indifférent aux remontrances du gérant qui parvenaient à peine à ses oreilles, son regard s'attarda sur cette face asymètrique penchée sur lui, contemplant l'imposante tâche sombre qui encadrait ses yeux vairons, des yeux froids et intimidants qui dépareillaient fortement avec l'allure chétive du bonhomme.
S'il avait eu un crayon, du papier et les idée claires, il aurait croqué ce visage là sur le champ, sans se hisser à la hauteur de son modèle sans doute.
En attendant, ce visage lui parlait, il était même particulièrement loquace. Il lui semblait discerner dans sa voix un mélange d'inquiétude sincère et d'agacement certain, de « il fallait que ça me tombe dessus ». Il voulut s'expliquer, lui dire que ce n'était pas dans ses habitudes de venir s'écrouler ivre mort dans les boutiques des honnêtes gens et qu'il n'était surtout pas venu réclamer la charité, même s'il ne cracherait jamais dessus. Se redressant mollement sur sa chaise, dans un souffle qui devait puer l'alcool, il interrompit le monologue interminable de son hôte :
« Excusez moi....je ne voulais pas vous causer de soucis. En fait, je voulais vous causez de quelque chose. Quelque chose qui pourrait vous intéresser. »
Tout en parlant, il ne réalisait pas qu'il dévisageait son interlocuteur de plus en plus près, les yeux écarquillés et la bouche ouverte, comme s'il n'avait jamais rien vu d'aussi beau que sa bobine défigurée. Et comme toujours l'alcool le poussait à dire tout ce qu'il avait sur le cœur, même ce qu'il aurait mieux fait de garder pour lui :
« Vous savez, votre visage est vraiment... »
Il allait dire « fascinant » mais fut grossièrement interrompu par le grondement de son estomac, qui ne manquait jamais une occasion de la ramener au plus mauvais moment. Il décida néanmoins de l'écouter et regarda son hôte de son air le plus pathétique, un air de chaton affamé. Le voilà qui réclamait la charité en fin de compte.
« Pardonnez moi, je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse, mais vous n'auriez pas quelque chose à grailler par hasard ? Si je ne mange pas maintenant, je sens que je vais pas tarder à retomber dans les pommes... »
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Lun 30 Mar 2015 - 19:21
Keep quiet
le petit théâtre de papier
Heimdallr n'a aucune résistance aux bouilles de chatons. On pourrait penser qu'après avoir vécu tout ce que Loki lui a fait subir, tous ces visages tristes et repentants qui n'étaient que fausseté et malice, il aurait établi une sorte d'accoutumance. Pourtant non, dès qu'il voit une bouille de chaton, il craque et laisse sa chance à. Aider et protéger, conseiller et pardonner c'est un peu toute sa vie à Heimdallr. Il fait quand même semblant que non, rien à carrer de tes yeux larmoyants, ça ne marche pas avec moi, plus depuis la 753ème fois Loki. Alors qu'à l'intérieur, ne pas prendre sous son aile et surprotéger une personne qui a des ennuis pour Heimdallr c'est comme se prendre une dague dans le ventre. Exactement pareil, même douleur diffuse et absurde et écharde. Et Heimheim sait très bien ce que ça fait, croyez-moi.
C'est une nounou dans l'âme, il est né comme ça on ne le changera pas. Il s'est toujours occupé des enfants des autres. Parfois il regrette d'avoir tellement voulu et fait pour protéger et amuser tous les gosses d'Asgard qu'il a oublié (oublié?) de fonder sa propre famille. Père de l'humanité c'est classe certes, mais il n'en est le père que d'une partie, d'une petite province il ne se souvient même pas c'était il y a tellement longtemps. Puis de toute manière l'humanité c'est creux, c'est vide comme mot, il signifie tous les hommes et aucun, c'est un mot triste. Et quand les autres dieux souffrent de ne pas retrouver leur conjoint ou leur progéniture Heimheim souffre de ne pas avoir à les chercher. Sa résistance zéro aux bouilles de bébés perdus vient de là.
C'est pour ça qu'il laissa couler la remarque sur son visage. Il aura tout le temps du monde de lui en coller une pour ça plus tard. Puis les yeux trop écarquillés l'inquiétaient, il craignait que l'alcool ne soit pas le seul en cause. Heimdallr est d'action, quand il réfléchit il s'attriste, il préfère bouger de tous les côtés, observer faire quelque chose n'importe quoi.
« Okay ne bouge pas de là »
Quelques enjambées pressées, panneau fermé, deux tours de clef, abaissement du store, et extinction de la vitrine. Gestes routiniers, maintes fois répétés jusqu'à la gravure à l'encre indélébile dans le corps. Il continue de pérorer en faisant, il veut de maintenir éveillé, il te surveille du coin de l’œil que tu ne tombes pas. Puis il te traîne à l'étage tant bien que mal, pas vraiment de mot intelligibles juste des marmonnements de barbe. Heimdallr te dépose précautionneusement sur une chaise de cuisine, petite chose fragile. Il fouille dans le placard, grogne comme quoi il a oublié de faire des courses et en sort un paquet de biscuits. Il te les tend sans cérémonie et ajoute :
«Je te donne ça pour éviter un second malaise mais n'espère pas échapper à un vrai repas. Ça diminuera les effets de l'alcool et tu pourras me dire ce que tu voulais en entrant ici »
Sur ce il tourne les talons, allume la radio, met de l'eau à bouillir, prend un paquet de pâtes, et divers ustensiles de cuisine. Il fait des pâtes, le grand Heimdallr Dieu gardien, maître du Bifrost, observateur des Neufs mondes, prépare une sauce à la crème avec du poulet pendant que les pâtes cuisent. Se faisant, il chantonne l'air radiophonique...
« Elle tu l'aimes si fort si fort au point je sais que tu serais perdu sans elle, tu l'aimes autant je crois que j'ai besoin de toi moi j'enferme ma vie dans ton silence elle tu l'aimes c'est toute la différence »
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Dim 10 Mai 2015 - 18:48
Le petit théâtre de papier
À peine le maître des lieux eut il posé le plat de pâtes fumant devant son hôte éméché que le vagabond l'engloutit d'un trait, avec l'enthousiasme de celui qui n'a rien ingurgité de solide depuis plusieurs jours. Son visage reprit des couleurs au fur et à mesure que son estomac se remplissait et quand il eut avalé la dernière bouchée, il pouvait à nouveau tenir debout tout seul, et même tenir un discours cohérent. Ce qu'il se fit un plaisir de faire, car il avait un bon nombre de choses à dire. Se tournant vers son hôte il débita son texte d'un seul souffle comme pour un entretien d'embauche, avec toute la nervosité qui accompagne généralement l'exercice :
« Merci pour les pâtes, c'était vraiment bon. D'ailleurs j'aime beaucoup cette sauce au poulet là, c'est simple mais efficace. C'est agréable de voir qu'il y a encore des gens qui sont disposés à aider leur prochain...non parce qu'en général, vous savez, les gens se précipitent pas dans la rue pour me jeter leur pognon. Tant qu'ils évitent de me marcher dessus, je pense que je peux m'estimer heureux.
Enfin, je suis là à m'apitoyer sur mon sort et j'en oublie ce dont je voulais réellement vous parlez. Parce que croyez-le où non, à l'origine j'étais pas venu pour quémander de la bouffe. Non, je voulais plutôt, en quelque sorte, proposez mes services. Vous voyez, je suis un peintre itinérant. Avant, j'allais de ville en ville pour tirer le portrait d'inconnus et essayer de refourguer mes tableaux à des collectionneurs : ça marchait pas très bien. Mais là j'ai mis au point quelque chose de nouveau. J'appelle ça « le petit théâtre de papier » – le nom est provisoire, notez bien.
En gros, je raconte des histoires et je leur donne vie en animant mes dessins. C'est une sorte de tour de magie, les enfants adorent ça. En arrivant dans cette ville, j'ai tout de suite cherché le coin idéal pour donner mes petites représentations, celui où je serais susceptible de rameuter la foule.
C'est là que je tombe sur votre boutique. Et je me suis dit que ça pourrait vous intéressez : vous qui tenez une boutique de jouets, vous devez avoir l'habitude de travailler avec des gamins. Donc imaginez : moi, je viendrais m'installer devant chez vous avec mes tubes de peintures pour faire mon numero. Je pourrais raconter des histoires qui mettent en scène vos petits personnages là, dans la vitrine. Ça attirerait les curieux et ça attirerait en même temps du monde dans votre magasin. Qu'est ce que vous en pensez ? Ça peut faire un malheur, vous croyez pas ? Si vous voulez, je peux même vous faire une petite démonstration, j'ai tout le matériel qu'il me faut sur moi.
Enfin, si ça ne vous intéresse pas il faut pas vous sentir obligé non plus. Après tout vous m'avez offert des pâtes et des biscuits, vous m'avez écouté jusque au bout.... L'air de rien, c'est déjà quelque chose.
Merci encore au fait. Pour les pâtes et tout. »
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé Dim 10 Mai 2015 - 19:41
Stay strong, keep moving on
le petit théâtre de papier
Heimdallr aurait aimé pouvoir en parler à Jimminy, lui demander son avis. Il ne connaissait rien à la vie de commerçant. Il aurait aimé pouvoir communiquer avec lui même par des moyens stupides comme des post-it ou autre. Il aurait aimé qu'on le conseille lui qui n'hésitait jamais, lui qui savait tirer parti du meilleur de lui-même, qui savait façonner, appeler le meilleur chez tous pour aller de l'avant. Heimdallr était bloqué dans une vie qui le tuait. Qui n'était pas la sienne, c'était son erreur, c'était un fardeau de plus à rajouter sur son sac de culpabilité. Il le regarda faire sa tirade les bras ballants, les oreilles bourdonnantes. Il aurait voulu dire oui, il aurait voulu voir ça, des histoires simples, des histoires pour réjouir, il aurait voulu voir des sourires, des tas et des tas de sourires. Cependant il y avait une effroyable vérité, une vérité tapie tout au fond d'Heimdallr sous la tristesse, l'impuissance, sous les cris et la rancœur et sous toutes les mauvaises choses. Il était fatigué. Pire que ça, il était au bout du rouleau, il n'y avait plus cette combativité, cette attente de meilleur, ce but d'une vie belle pour tous qui l'animait, tout ça était mort. Heimdallr voulait dormir.
Il songea que Jimminy devait lui crier où qu'il soit d'accepter. Il songea qu'il adorait plus que lui les histoires et les sourires. Il songea qu'il était tard. Il lui fit un sourire las qui peina à monter jusqu'aux yeux, qui s'étira longuement dans un silence.
« Donnez-moi votre nom et revenez demain matin que nous montions ça un peu plus sérieusement. J'exigerai de vous une sobriété à tout épreuve. Je vais vous donner de quoi dormir à l'hôtel histoire de ne pas vous retrouver congelé demain matin. Et ne me remerciez pas, je fais ça uniquement parce que c'est la chose à faire, par devoir ou une vieille habitude tenace de n'abandonner personne, choisissez ce que vous voulez »
Il alla chercher quelques billets et entendit un nom en le touchant la main. C'était Oscar. Ça lui suffisait à Heimdallr, ça suffisait amplement pour ce soir. Peut-être demain il serait plus exigeant, il aurait l'esprit moins obscurci par cette lassitude qui ne lui laissait aucun répit. Peut-être demain il demanderait des qualifications ce genre de chose mais pour l'heure il ne demandait qu'à ce que tout le monde aille tranquillement dans un lit bien chaud et le plus tôt serait le mieux.
« Je vous dit donc à demain matin, vers 9 heures si possible, passez une bonne nuit »
Un nouveau sourire, une poignée de main, quelques mots de politesse, une porte qui se ferme. Puis ce fut le silence partout.
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Sujet: Re: le petit théâtre de papier (pv jimminy) - terminé