” Ah ah ! “

Du pourpre qui danse devant mes yeux pimpant de joyeuseté. Je sautille presque sur place et me fraye un chemin à travers la foule plus ou moins compact par endroit. Quelques passants sifflent leur colère sur mon passage en fanfare, mais je n’en au cure alors que je me rapproche enfin de cette touffe de cheveux blonds que j’ai entr'aperçu au détour d’une rue, il y a quelques instants. Quel idée de sortir acheter du matériel un samedi après midi, aussi, vraiment ! Cette ville grouille de monde et de chose à contempler. De personne à bousculer sans la moindre pudeur aussi, ce que je ne me gène pas pour faire bien entendu. Pour autant, ce qui attise autant ma curiosité, à l'heure actuelle, reste cette teinte pourpre que je n’ai pas réussi à définir clairement la dernière fois. Faut dire que tu n’as pas été très causant et à part un certain talent musicale de ta part, je n’ai obtenue aucune information complémentaire. Il ne me semble même pas que tu ais eu la décence de me donner ton prénom. Pour un gosse de riche, tu manques cruellement de savoir vivre. Ou alors je l’ai oublié. Ce qui, entre nous, est aussi fort probable. Mais banquons plutôt sur ton absence de courtoisie, ma mauvaise fois chronique est d’accord avec moi.

Je balance mon petit sac de fourniture - plein à craquer après trois heures dans le magasin - sur mon épaule et jette un regard sur ce que je devine être ta silhouette. Même cheveux blond peroxydée, même allure austère et/ou hautaine - c'est à débattre -, même démarche noble. C’est dingue, même de dos, t’as l’air d’un petit con. Alors que moi, de dos, de face ou de côté, j’ai toujours l’air d’un abrutit. Comme le dirait mon patron, le tout est d’en avoir conscience. Enfin, ça ne m’empêche pas de sortir connerie sur connerie quand même. Question de principe, m’voyez ? Sourire griffé au bord des lèvres, j’inspire fortement pour m’apprêter à t’interpeller de vive voix lorsque mon sac s'effondre lamentablement sur le sol. Un passant qui, comme moi, ne c’est pas gêné pour me bousculer et faire chuter mes affaires. Tsh. C’est pas bien polie, tout ça. Je peste silencieusement et m’accroupie pour ramasser les pinceaux et la colle à bois sur le sol pavé. Une main qui passe brièvement dans mes cheveux lorsque je me redresse et que je guette la foule devant moi.

Merde.
Perdu.

Mes joues se gonflent d’une manière enfantine et mes yeux te recherchent à nouveau à travers le peuple, en vain. Tout ceci est parfaitement injuste. Je laisse un soupir traverser mes lèvres, vaincu pour le moment et prend la direction du parc pour retourner à notre atelier provisoire. Ma démarche se fait traînante et le goût de pamplemousse qui envahit ma bouche ne m’aide pas à refluer ma déception. C’est que j’avais une petite idée derrière la tête te concernant. Autant dire que tu ne t’en serais pas tiré aussi facilement cette fois si. Encore moins étant donné que tes parents ne sont plus mes employeurs depuis la dernière fois. La petite robe bleu d’une passante me fait automatiquement penser à une vieille musique folk que je me mets à chantonner doucement. L’espace d’un instant, je me plonge dans cette sonorité entraînante, laissant mes pas me guider sans réfléchir. Un éclair blond devant mes iris mordorées brise pourtant ma concentration momentanée. Tu t’es pas échappé bien loin, on dirait ! Et cette fois, hors de question de te laisser partir. Je me faufile doucement derrière toi, mon sourire naïf de nouveau figé sur la face.

” Toi ! Tu sais que t’es difficile à choper, mon gars ? “

Je pose une main sur ton épaule pour attirer ton attention, au cas où ma voix pourtant forte n’est pas réussi. Cependant, je ne te laisse guère le temps de me signifier ton mécontentement - ou ta joie ? Qui sait. Bon, j'en doute fortement quand même. C'est donc tout sautillant et l'allure chaleureuse que je reprend rapidement la parole.

” Tu te souviens de moi ? Ash, le gars qui a réparé le tableau chez tes parents, l’autre fois. T’sais, j’me suis dis, t’as un sacré talent pour le piano et j’voulais te proposer un truc du coup. Si t’es d’accord quoi. Oh puis même si tu l’es pas en faite. “

Warning ! Stalkage intensif en vue !