[abandonnée] (S)he look like her ☼ Johanna

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« ...Et la mythologie égyptien est l'une des plus remarquable ! […] La notion de cycle est primordiale, comme celle du cycle circadien, où le levé et le couché du soleil, représentant respectivement la naissance et la mort du dieu soleil. […] Il existe trois grands mythes. Le mythe de la création, le mythe osirien, et le mythe de la mort. […] Les dieux primordiaux du mythe osirien sont Osiris, sa femme Isis, son frère Seth et son fils Horus. Ce mythe raconte comment Osiris fut victime d'un complot de Seth et... » Il se fait chier. Vraiment chier. Non pas que la mythologie égyptienne ne l'intéresse pas. Au contraire, il trouve ça fascinant. Les histoire fantastique lui ont toujours plus. Ce n'est pas une mythologie qui va faire exception. Non. Ce qui le fait chier, c'est le mec qui lui raconte ladite mythologie. Il est d'un monotone. Semblable à une voix off. Sans intérêt. Ennuyant. Il se fait chier. Vraiment chier. Avec un soupire, il se détourne de son interlocuteur et se met à fixer la place qui s'étend sous ses yeux. Il fait beau. Le ciel est gris foncé, parsemé de nuage blanc effilé. C'est plutôt beau. Ça devait sans doute l'être plus en couleur. Il regarde les gens qui passent. Des gens en noir et blanc. La grande place du héros inconnu grouille de monde. Une vraie foule. On voit bien que le soleil a manqué à beaucoup d'habitants. « Ohé ! Sven ! Tu m'écoutes ? » Il se retourne vers son interlocuteur. Non, il ne l'écoute pas. Il ne l'écoute plus. « Mmh... » Pourquoi doit-il l'écouter déjà ? Pourquoi est-il assit sur ce banc à écouter ce garçon, dont il n'est pas spécialement proche, une lointaine connaissance, déblatérer d'une voix monocorde sur la mythologie égyptienne ? Il ne sait plus trop. Une histoire de révision semble-t-il. Il n'est plus très sûr. « Tu n'écoutais pas. » Non, en effet. « T'es chiant. » Toi-même. « T'as quand même des questions ou je peux te laisser ? » Il n'en n'a pas non. Ou plutôt si. « Le nombre fétiche de Seth...c'est 7? » Oui, il le sait. C'est très con comme question. Mais ce mec l'avait fait chier pendant une bonne demi-heure. Il peut bien le faire chier 5 secondes avec sa question àlacon. Il regarde le garçon à côté de lui se lever, lui jeter un regard noir et s'éloigner, tel une lady anglaise outré. Hilarant. Un ricanement s'échappe de ses lèvres. Étendant ses jambes, il laisse sa tête tomber en arrière, reposer sur le haut du dossier du banc. C'est un angle étrange. Il aura mal quand il devra se redresser. Il s'en fout. Il est bien comme ça, actuellement. Il voit le monde à l'envers. Il adore ça, voir le monde à l'envers, ou d'en haut. Ça change. Il y a moins de gens derrière lui. C'est plus pratique pour les observer. Alors il observe. Sa vieille voisine, une dame plus qu'honorable, couverte de bijou jusqu'au ridicule. Des étudiants, profitant du beau temps et de ce dimanche pour flâner dans les ruelles, dans les boutiques. Des touristes, venus visiter et s'extasiant le plus souvent sur la statue du héros inconnu. Il les observe. Il n'a rien d'autre à faire. Son regard s'attarde soudain sur une personne en particulier. Une fille. Il l'a déjà vu auparavant. Il ne l'a pas oublié. Parce qu'elle ressemble à Freya. Elle avait des cheveux de la même couleur. Ou plutôt, du même gris. Leurs yeux aussi étaient semblable. Oh bien sûr. Elle était plus vieille. Après tout Freya avait disparue quand elle avait 13 ans. Cette fille devait avoir 18 ou 19 ans. Âge que devait avoir Freya aujourd'hui. Mais la ressemblance ne s'arrête pas aux cheveux et aux yeux. Elle a la même façon de se maintenir. Ce maintien typiquement noblieux, bien droit et gracieux, flottant. Mais il y a aussi cette touche personnelle. La rébellion. Freya avait toujours refusée l'éducation que leur obligeait. Elle se voulait différente, de préférence à l'opposé. Un maintien plus rapide, un peu moins gracieux. En ça, elles se ressemblent aussi. Il la regarde. La fixe même. Ça lui fait du bien d'une certaine manière. C'était un peu comme si sa sœur était là. Mais en même temps, c'est douloureux. Parce que cette fille n'est pas Freya.	« I just feel the cold. All colors seem to fade away »
	Sven L. Torbjørn feat. Johanna "Anna" C. Rhodes

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(svenanna) (s)he looks like her

Tout proche de l’interlocuteur
et pourtant loin, l’esprit ailleurs,
comme en un voyage m’évadant,
je suis là, présent et absent,
hochant la tête de temps en temps.
E. Granek ◊

Froënbourg.
Sa terre, sa mère. La seule perte qui lui avait réellement fait du mal quand elle avait quitté cette grande maison sur la colline. Elle l'observa cette demeure, énorme bâtisse dans laquelle se mélangeaient ceux qui l'avaient vu grandir. Ces gens-là qui se disaient "famille" et qui plantaient des couteaux dans le dos dès que l'on faisait un faux pas. Maudit faux pas. Elle leur cracherait au visage si elle n'était pas civilisée, aux Rhodes qui se sentaient si forts, si suffisants à eux-même alors qu'ils n'étaient pas plus qu'un tas d'hypocrites qui vomissaient des conneries plus grosses que leur fortune à longueur de journées. Elle les haïssait tous, mais au fond elle était exactement comme eux. Parce que Johanna, quoiqu'elle dise et quoiqu'elle fasse ; Johanna, elle, était une Rhodes. Et c'était pour ça qu'elle était assise à la table sur la terrasse de ce café, les feuilles de cours éparpillées sur la table individuelle, sirotant une tasse de chocolat chaud à moitié vide et les yeux parcourant les notes soigneusement prises durant la semaine précédente. Johanna aimait ce qu'elle faisait, malgré ses airs désabusés, malgré ses attitudes apathiques... étudier le Droit était ce qui la motivait à aller plus loin que sa facette de Barbie intouchable. Il ne suffisait pas d'être belle, il fallait aussi être intelligente... sinon quoi elle serait comme tout le monde.

Johanna s'étira avec la grâce d'un chat, avec une retenue digne et l'impression que personne n'était là pour la reluquer. Portant la tasse à ses lèvres, elle leva enfin les yeux vers le décor qui l'entourait. Il faisait froid, elle pouvait le voir à travers la mine des gens qui tentaient de se réchauffer en se soufflant dans les mains, en se blotissant dans les bras de leur moitié comme si la chaleur corporelle allait réellement changer quelque chose et essayant de se convaincre que le temps arrangerait tout. On ne s'habitue pas aux glaces de Froënbourg, on vit avec. Et Johanna, malgré tout les facteurs qui auraient dû la retenir dans les contrées de la cité nordique, avait choisi de déménager à Terraria pour rejoindre son amie d'enfance et quitter les abrutis qui lui servaient de famille. Et rien ne pouvait lui faire regretter ce choix, aujourd'hui.
Son regard s'attarda sur celui d'un jeune homme. Tête à l'envers et cheveux blonds, l'air un peu simplet et un peu trop insistant. Elle aurait dû ne pas rester plus longtemps à l'observer, et il n'aurait pas dû attirer son attention. Seulement ça n'était pas la première fois qu'elle le voyait. C'était toujours à Froënbourg, alors que ses passages étaient peu fréquents. De moins en moins fréquents.

Aujourd'hui, elle avait profité de son temps libre pour se recueillir sur la tombe d'Eleanora. Désormais, elle ne venait que lorsqu'elle avait du temps ; et c'était bien cela qui lui manquait dorénavant. La cité nordique était trop éloignée de Terraria pour se permettre d'y aller tous les jours comme elle le faisait les mois qui avaient suivi la mort de sa soeur. Quitter Froënbourg n'avait pas eu que des bons côtés malheureusement, et sacrifier ses visites au profit d'une vie loin de ses souvenirs d'enfance la faisait se sentir atrocement égoïste. Et ce sentiment, bien qu'omniprésent, ne se faisait sentir que lorsqu'elle pensait à Leah. Sa précieuse Leah.
Elle reposa la tasse sur la table, ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle réajusta sa coiffure et interpella l'un des passants, avec une familiarité couplée à une distance qui la caractérisaient toutes les deux. Elle demanda à ce qu'il aille voir cet inconnu, lui commande de venir la voir et il s'éxécuta par gentillesse, comme d'habitude. Elle le regarda s'éloigner, n'entendit pas leur conversation mais ne chercha pas à en comprendre d'avantage, puis attendit qu'il vienne à elle. C'était comme ça que ça se déroulait. Comme ça et pas autrement.

« Le harcèlement est puni par la loi dans les quatre cités. »

Il n'y avait pas grand chose à dire en effet. Elle rassembla ses feuilles éparpillées et attendit qu'il daigne s'asseoir en face d'elle. Balançant ses cheveux dans son dos, elle croisa ses doigts de pianiste sous son menton et observa longuement son vis-à-vis, tentant de déceler la moindre réaction de sa part. Elle ne cilla pas en croisant à nouveaux ces iris tellement de fois croisés sans se rendre compte à quel point ils pouvaient se trouver insistants, mystérieusement ancrés dans les siens comme il le faisait.

« Quelque chose à dire pour ta défense ? »

Elle haussa des sourcils, sa voix était dure comme celles que l'on entend dans à la cour, qui résonnent pour plaider une cause qui n'était pas forcément la sienne.

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AFTER READING
Ouuh le vilain post tout moche. ;w;
Je me rattraperai au prochain, je suis jamais douée pour commencer...
:cache:

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Ses yeux mornes la regarde. La fixe. Oui, elle la lui rappelle. Pas un instant, il ne songe que son attitude peut être étrange. Pas un instant. Jamais. Lui, il a prit l'habitude d'être observé en permanence, à être surveillé. Pourquoi ne pourrait-il pas en faire autant, bien que lui ne surveille pas. Quelle loi ici interdit d'observer quelqu'un dans un cadre public ? Aucune lui semble-t-il. Alors il observe. Il l'observe tourner la tête dans sa direction. Leur regard se croisent. Ce n'est pas la première fois. Il ne pense pas que ce sera la dernière. Ouais. C'est irrémédiable. Ses yeux ressemblent à ceux de sa sœur. Miroir de l'âme, souvent en contradiction avec ce que l'on est vraiment. Les siens ne font pas exception. Ni ceux de Freya, ni ceux de cette fille, ni les siens. Ni ceux de personne. Aucun. La différence tient simplement en sa capacité à lire en eux. Il ne la lâche pas du regard, suivant des yeux tous ses mouvements, ses mimiques. Ce n'est pas une observation malsaine. Ce n'est pas de l’obsession. Il cherche. Cherche jusqu'où vont les ressemblances, jusqu'où vont les différences. Il recherche un semblant de ressemblance en elle, comme une sorte de substitue à distance. Même si rien ni personne ne pourra jamais remplacer sa grande sœur. Il la regarde et l'entend interpellé un parfait inconnu, comme ça. Il fronce les sourcils. Nouvelle ressemblance. Mais nouvelle différence. Freya le faisait aussi, choper un simple passant comme ça, sans honte ni soucis de ce qu'il adviendra, la tête haute. Mais pour d'autres raisons. Freya, c'était le plus souvent pour frapper. Pas pour simplement parler comme le fait cette fille. De là où il est, il ne peut rien entendre. Il ne lit pas sur les lèvres, alors il se désintéresse peu à peu de cet échange. Jusqu'à un point. Un simple point, un fait. Pas tout à fait un événement. Cette personne, cet inconnu. Cet étranger. Il le voit s'éloigner de la jeune fille. Mais se rapprocher de lui. Il hausse un sourcil. Qu'est-ce ? Il l'observe s'avancer vers lui, comme pour remplir une mission donné par un quelconque messie. Ce pauvre homme est-il sujet aux hallucinations ? « Hey ! » L'interpelle-t-il une fois poster devant lui. Il soupire. Arrivée d'un deuxième empêcheur de tourner en rond. Prenant un léger élan, il redresse sa tête, grimaçant légèrement à cause de la douleur lancinante de sa nuque, et se retourne sur son banc pour se retrouver plus ou moins en face de celui qui vient de l'interpeller. Il ne dit, attendant simplement la suite. Personne ne vous appelle comme ça sans raison, surtout dans le cas de deux inconnus. « La demoiselle là-bas veut que tu ailles la voir. Tout de suite. » Continue-t-il en désignant ladite demoiselle. Ah. Aurait-il été trop insistant dans son observation ? Il hausse les épaules. Pourquoi pas ? Elle lui donne l'occasion de dépasser la limite de la simple observation. Il ne va pas la refuser. Et la curiosité le titille. Jusqu'où va vraiment la ressemblance ? Avec un sourire à peine visible, il se lève de son banc, attrape son violon, rare sont les fois où ne l'emporte pas avec lui, et se dirige avec une lenteur quelque peu fatiguée vers la demoiselle, ignorant royalement le messager au passage. Arrivant à quelques dizaines de centimètres de la table de café où elle est assise, il est accueilli par une phrase pour le moins...inattendue ? Non, pas au vue de la situation. Plutôt surprenante, un peu. Et directe. Très directe. Presque trop. « Le harcèlement est puni par la loi dans les quatre cités. » Non, sans blague ? Le vol, le meurtre et le viol aussi tu sais mademoiselle ? Et puis mince, où est-ce qu'il y a harcèlement dans son comportement ? Il n'a fait que l'observer. Il ne fait que l'observer les quelques fois où il voyait, par hasard. Il ne l'a jamais suivit jusqu'à chez elle. Il ne lui a jamais envoyé appel sur appel, lettre sur lettre. Il n'a jamais prit de photo plus ou moins compromettante d'elle. Il n'a jamais imaginé de plan malsain pour la kidnapper et l'enfermer dans sa cave pour la garder pour lui. Quoi qu'il va peut-être un peu loin là. Il la regarde ranger ses feuilles. Des cours sans doute, de ce qu'il peut voir de là où il est. Après tout, elle les lisait depuis un moment maintenant. Il avise la chaise vide en face d'elle. S’asseoir ou ne pas s'asseoir, telle est la question. Elle l'a invité à la rejoindre après tout. Certes, pas de la manière la plus conventionnelle qui soit, mais tout de même. Et puis merde quoi. Il dépose délicatement son violon sur la table avant de s'asseoir. Il ne la lâche pas des yeux. Il n'a pas spécialement l'intention de la lâcher. Pas alors qu'elle est à moins d'un mètre de lui. « Quelque chose à dire pour ta défense ? » Il ne peut pas retenir le doux sourire qui lui monte aux lèvres. Cette phrase... Le ton était différent, plus doucereux, plus curieux, plus concerné. Moins agressif. Mais c'est la même phrase. Cette même phrase que lui adressait sa sœur lui adressait lors de leurs rares disputes, la même phrase que sa sœur adressait à ses tortionnaires avant d'aller les battre à sang. Doux mélange de ressemblance et de différence. « Tu lui ressembles vraiment beaucoup... » La phrase est plus adressé à lui-même qu'à elle. Qu'importe. Il est là pour se justifier semble-t-il. Ce sera sa justification. Vague. Loin d'être satisfaisante sans doute. Mais suffisante pour lui. Parce que c'est la vérité.	« I just feel the cold. All colors seem to fade away »
	Sven L. Torbjørn feat. Johanna "Anna" C. Rhodes

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Il eut un sourire qui la mit mal à l'aise. Johanna était de ces femmes qui avaient une telle confiance en elles que ce sentiment lui était presque inconnu, seulement il y avait quelque chose dans le regard de ce garçon. Quelque chose de très sentimental, presque opressant. Ses ongles parfaitement manucurés tapotèrent impatiemment sur la table, attendant une réponse qui ne tarda pas à venir.

« Tu lui ressembles vraiment beaucoup... »

Anna haussa des sourcils, regarda ce garçon comme s'il venait de dire quelque chose de complètement insensé, puis se redressa en croisant une jambe sur l'autre. Allons bon, il était peut-être seulement un gamin perdu après tout. Elle posa sur lui un regard insistant, qui tendait à le sonder et qui tentait vainement de savoir ce qu'il voulait dire par « Tu lui ressembles vraiment beaucoup. » Ressembler à qui, au juste ? L'un des grands principes de Johanna était justement de ressembler le moins possible à toutes ces fausses blondes que l'on croisait à chaque coin de rue. D'abord parce qu'elle était une vraie blonde, elle ; et ensuite parce qu'elle avait plus de valeur qu'elles toutes réunies. C'était sa manière de penser ; pas forcément la meilleure en effet. La magicienne passa une main dans sa tresse blond platine et soupira, pour finalement reprendre sa tasse dans ses mains. Elle la porta à ses lèvres rouges et but quelques gorgées avec cette grâce qui lui était propre puis leva une nouvelle fois les yeux vers l'adolescent qui lui faisait face.

« Ça m'étonnerait. »

Elle reposa la tasse sur la soucoupe et prit une inspiration pleine de lassitude. La seule personne à qui Johanna acceptait de ressembler était sa sœur, morte quelques années auparavant. Il était impossible qu'il puisse parler de Leah, qui n'était plus qu'un souvenir de plus dans l'histoire de la cité nordique. Elle détourna le regard vers la statue du « héros » dont personne ne se souciait plus désormais, et s'efforça de ne rien laisser paraître sur la haine qui la rongeait intérieurement vis-à-vis d'elle-même. La demoiselle reporta une nouvelle fois son attention sur le pauvre enfant perdu et tout en rangeant ses feuilles pleines de notes dans la pochette prévue à cet effet, se présenta avec courtoisie.

« Anna Rhodes. »

Qui sous-entendait que c'était à son tour de lui communiquer son nom. Johanna n'avait jamais été du genre à parler pour ne rien dire et préférait aller à l'essentiel, quitte à ne pas parler. Gaspiller de son temps pour border autour des sujets qui n'avaient pas besoin de discussion n'était pas dans ses cordes, et c'était l'une des principales raisons pour lesquelles elle ne parlait que très peu. Sauf quand on l'obligeait à le faire, comme le faisait si bien Leah du temps où elle était encore en vie. Et elle en oubliait parfois à quel point cette époque lui manquait. Elle eut un vif pincement au cœur et releva la tête en arrière, appréciant la chaleur du soleil sur son visage le temps de chasser les souvenirs de Leah et reprendre possession de ses émotions. Si cela continuait dans cette voie, elle finirait par se retrouver une nouvelle fois dans son Royaume, et disparaître au milieu de son entrevue était la dernière chose qui devait lui arriver.

« Tu continues ? »

Elle avait besoin qu'il lui explique. Ne serait-ce que pour s'occuper, et se rappeler que même si elle appréciait ce qu'elle faisait en cours, discuter était toujours plus attrayant. Paradoxale, la Rhodes. Mais c'était ce qui faisait d'elle ce personnage complexe et déchiré par des mœurs plus compliqués les uns que les autres. Elle croisa à nouveau ses doigts sous son menton, observa le jeune garçon avec cet air supérieur, qui rendait l'air plus froid encore, plus difficile à respirer.

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Il observe sa réaction silencieusement. Penchée vers lui, il la voit hausser un sourcil. Ah bien, il est certain que ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait. Elle le sonde. Inversion des rôles. C'est lui maintenant que l'on observe. Il la laisse faire, il n'a rien à cacher. Rien que l'on a à cacher à un inconnu. Sans doute doit-elle penser qu'il se fout de sa gueule. C'est loin d'être le cas. Il est sérieux. Il l'est pratiquement toujours lorsqu'il s'agit de sa sœur. Il la voit passer une main dans ses cheveux. En y regardant de plus près, il se rend compte qu'ils sont un peu plus clair que ceux de Freya. On se rend mieux compte des détails lorsque l'on regarde de plus près. Il interrompt son observation plus détaillé lorsqu'un serveur vient lui demander s'il désire quelque chose. Il n'y a pas réfléchit. C'est vrai qu'il est maintenant assit à la terrasse d'un café. Sans vraiment y réfléchir, il commande un chocolat chaud. Oui, c'est enfantin. Mais il ne supporte pas le goût du café et le thé n'a à ses yeux aucune saveur. Sa commande passée et le serveur repartit, il repose ses yeux sur la blonde en face de lui. « Ça m'étonnerait. » Finit-elle par lui dire après un moment. Son sourire s'élargit. Fierté. Cette jeune femme n'est pas du genre à se laisser faire, à se laisser marcher sur les pieds. Elle attaque. Elle regarde de haut. Tout comme Freya. Encore. Oh, il ne s'agit, jusque là, que de trait de caractère large, vaste. Une sorte de généralité. Elle n'est certainement pas identique à sa sœur. C'est impossible après tout. Et dans ce même trait de caractère, de nombreuses différences et variations existent. Mais dans l'instant présent, cela lui suffit pleinement. Il n'a pas besoin de plus. Il la regarde soupirer. Lassitude. C'est ce qu'il peut deviner. De même qu'l arrive à discerner de la culpabilité lorsque son regard se détourne pour se diriger vers la place. Brusquement, ce n'est plus Freya qu'il peut voir en face de lui, mais son propre reflet. Il ferme les yeux. Il n'a pas besoin de ça. Pas besoin de voir quelqu'un se considérant aussi coupable que lui. Ce n'est pas ce qu'il a accepté de voir quand il est venu s'installer à cette table à sa demande. « Anna Rhodes. » Il rouvre les yeux au son de sa voix. Elle est de nouveau tournée vers lui, la culpabilité s'est envolée. Il lui sourit doucement tandis que sa réponse franchit ses lèvres. « Sven Torbjørn. » « Tu continues ? » Ah... Evidemment, sa réponse précédente était loin d'être satisfaisante. Et s'il reconsidère sa réponse, elle ne lui avait pas plut. Il soupire, déviant son regard vers la place. Trop curieuse et insatisfaite. « Il n'y a...pas grand chose à ajouter. » A ajouter, non. Clairement. Il a tout dit. Il l'observait parce qu'elle ressemble à sa sœur. C'est tout. Il n'y a rien de plus. Rien à ajouter. Mais à préciser...peut-être. Mais devrait-il...? Un rapide coup d’œil à la jeune femme lui indique que oui, clairement. Il devrait. Elle ne le laissera pas partir tant qu'elle n'aura pas eut toute les réponses qu'elle désirait. Il peut le voir. Il ouvre la bouche pour continuer, mais une tasse de chocolat chaud posé devant lui l'en empêche. Il remercie rapidement le serveur. Ses mains font machinalement tourner la boisson dans son récipient tandis qu'il reporte son regard sur la blonde. « Mon grande sœur. Tu ressembles beaucoup...à ma grande sœur. » C'est dit. Et il ne voit pas vraiment ce qu'il pourrait rajouter. C'est clairement maintenant. Non?	« I just feel the cold. All colors seem to fade away »
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C'était un originaire de Froënbourg, un vrai. Le genre qui n'a pas bougé de chez lui. Il avait le visage, les cheveux, les yeux et l'attitude d'un enfant du pays. Anna avait toujours trouvé ces gens-là très froids, et elle-même en était le parfait exemple. Elle l'avait vu lorsqu'elle avait emménagé avec Amy Rose à Terraria, les gens là-bas n'avaient pas le mode de vie calme des habitants de la cité nordique, et Johanna elle-même avait été forcée de vivre à deux cents à l'heure, malgré elle. Il n'y avait eu qu'Eleanora qui avait su s'échapper de l'ambiance glaciale de Froënbourg, et sa soeur n'avait jamais su s'adapter au froid. À croire qu'elle n'était pas née au bon endroit, pas dans la bonne famille... Elle aurait dû faire partie de Terraria, où le soleil et l'activité lui auraient convenu plus qu'à quiconque, ici bas. Il faisait trop froid ici, les anges ne pouvaient plus voler.

« Il n'y a...pas grand chose à ajouter. »
« Cherche. Tu finiras bien par trouver. »

Si seulement elle savait qu'il ne faisait que ça, chercher. Elle remua le peu de breuvage qu'il restait au fond de sa tasse et ne le quitta pas du regard. Il était un garçon plutôt mignon, et une brebis égarée. Anna, elle, était la louve. Prête à lui sauter à la gorge chaque fois qu'il ne disait pas ce qu'elle voulait entendre. Ses paroles trancheraient les siennes si elles ne lui convenaient pas, elle venait de lui montrer et n'hésiterait pas à recommencer ; il l'avait compris, il ne restait plus qu'à l'assimiler maintenant.

« Ma grande sœur. Tu ressembles beaucoup...à ma grande sœur. »
« Tu vois. »

Bien. La réponse ne lui plaisait pas, mais au moins il avait développé. Si elle ne lui allait pas cette fois-ci, c'était simplement parce que tout ce qui concernait les liens fraternels rouvrait des cicatrices qu'elle aurait préféré oublier. Ses longs doigts pianotèrent, encore et toujours, contre la table, laissant son esprit s'évader à la recherche d'une réponse à donner. Elle darda son regard clair dans celui de son interlocuteur, et ce sans exprimer le moindre sentiment au travers. C'était quelque chose qui lui venait d'ici, à elle, l'enfant renié du pays.

« J'aimerais changer de sujet. »

Oh non Anna, tu devrais arrêter de fuir les problèmes. C'était trop facile de faire l'impasse sur ce qui n'allait pas, et c'était aussi tellement simple de les entasser dans un coin. Mais ça ne réglait rien, au contraire. À force de fuir elle allait finir par se perdre complètement, et ça elle le savait. Elle était assez forte pour l'encaisser, et pour une fois elle allait cesser de fuir ses démons. Pas trop longtemps, il ne faudrait pas qu'ils la rattrapent.

« Et pourquoi ne vas-tu pas la voir, ta grande sœur ? »

Il était à peine plus jeune qu'elle, et pourtant elle avait l'impression de parler à un enfant. Les réponses ne l'intéressaient pas tant que ça, pourtant elle ne pouvait s'empêcher de poser des questions. C'était une habitude qu'elle avait prise de Leah, cette adorable petite chose qui posait des tas de questions et qui ne se souciait que très peu de ce qu'on lui répondait. En posant ces questions inutiles, Johanna avait l'impression de le faire pour ce petit ange de trop, tout là-haut, qui demandait encore et encore pourquoi il faisait si froid, dehors.

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« Tu vois. » Il voit... Non, il ne voit plus. Il ne la voit plus. Ses yeux redescendent vers sa tasse. Un touille machinalement la boisson à l'aide de sa cuillère. Le gris foncé qu'il peut voir s'efface doucement pour laisser place à un gris plus clair, plus proche du blanc sans l'être. C'est fou comme un chocolat chaud peut devenir fascinant quand on ne sait pas quoi faire. Ou quand on ne veut pas réfléchir. Il attend simplement la suite, car il se doute que la demoiselle ne sera pas satisfaite de ses dires. « J'aimerais changer de sujet. » Il relève ses yeux vers elle, haussant un sourcil. C'était elle qui les avait mené sur ce sujet, et c'est elle qui voulait changer de sujet...? « Si tu veux. » « Et pourquoi ne vas-tu pas la voir, ta grande sœur ? » Sa respiration se bloque. Ah... Il ne s'y attendait pas à celle-là. Vraiment pas. Pourquoi ? Parce qu'il ne sait pas où elle est. S'il le savait, il ne serait pas là, il ne serait pas en train de comparer Freya et Anna. Il ne serait pas déprimé, sans vie, errant comme un zombie sans savoir où se rendre. Les yeux qu'il darde désormais sur la jeune fille ont changés. Il le sait. Il n'a plus ce regard froid mais vivant qui semblait caractériser les habitants de la Cité Nordique. Ses yeux se sont éteint, ils sont ternes, morts, vides. « Parce qu'elle n'est plus là. » Absente. Partie. Disparue. Envolée. Volatilisée. Introuvable. Elle avait littéralement disparue sans laisser de trace. Personne ne l'avait retrouvé. Personne ne l'avait vraiment cherché non plus. Ses mains se resserrent sur sa tasse quand il y pense. Il avait été le seul. Le seul à l'avoir cherché, le seul à la chercher encore. Ses parents, leurs parents, leurs géniteurs... Freya était la chair de leur chair, le sang de leur sang et pourtant...ils n'avaient pas bouger ne serait-ce que le petit doigt, ils n'avaient rien fais. Enfin...si. Mais pas ce qu'il aurait fallu. « Elle a été déclarée morte il y a 6 ans... » Et ça le mettait hors de lui. Ses mais serrent, serrent la tasse. Puis celle-ci lui explose entre les doigts, lui entaillant la paume. Foute force non contrôlée. Aussi vite qu'il le peut, il se saisi de serviette et essuie la boisson qui s'étale sur la table. « Je suis désolé. » Il soupire. Il devait vraiment apprendre à maîtriser sa force. Il se sent mal à l'aise de casser involontairement des objets à tout bout de champ. Autant parfois s'était utile, autant cela pouvait s'avérer, comme maintenant, embarrassant. Mais au moins, ça avait eut l'avantage de le détourner de sa sœur. Au moins quelques secondes.	« I just feel the cold. All colors seem to fade away »
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» ABANDON | Johanna # Toi, moi, et le pot de fleur.
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