Sujet: Re: Stupeurs et tremblements Mer 3 Juin 2015 - 20:13
Ludwig
Takehiro
Take Care
Je ne comprenais pas vraiment pourquoi les joues de Ludwig prenaient des teintes pivoines quand je lui disais ça. C’était sincère. Il pouvait m’appeler sinon pourquoi lui aurais-je donné mon numéro de téléphone en premier lieu ? Apparemment il avait besoin d’un rappel, ou d’une permission. J’étais son coordinateur après tout...Mais au delà de ça, ça ne me dérangeait pas d’avoir de ses nouvelles, du moins m’assurer qu’il allait bien… Qu’il ne se sent pas complètement isolé dans sa nouvelle vie. J’étais là pour ça après tout. Enfin, je pense.
Il hoche la tête signe qu’il a compris. J’esquisse un sourire satisfait. En tout cas, il va beaucoup mieux que tout à l’heure et beaucoup mieux d’hier. C’est peut-être arrogant, mais j’aime penser que j’y ai contribué. Il n’est pas parfaitement équilibré, ça je peux le dire, il semble encore un peu chamboulé mais...il ira bien. Maintenant il faut espérer que lorsque je passerai la porte, ce sentiment ne s’évanouirait pas. Je le remercie pour le café et il me répond par quelque chose de sérieux. C’était juste de la politesse, Ludwig, de toute évidence il y a des améliorations à apporter du côté “ interaction sociale”.
« De rien, c’est….»
mon travail ? Je marque une légère pause et je poursuis comme cela.
« …. de rien.»
Je savais que Ludwig n’aimait pas quand je disais ça. Malheureusement c’était la seule réponse qui me venait automatiquement à l’esprit pour justifier la portée de mes actions. Même si c’était évident que ça flirtait avec les limites attributions : c’était mon travail. Il faut croire que je suis spécialement dévoué. A force de le dire, ça finissait par sortir automatiquement. Un jour je finirais par le sortir en tenant la porte à quelqu’un : “ merci “ “ de rien, c’est mon travail”. Mais je ne pouvais pas le justifier autrement.
J’étais en train de lacer mes chaussures quand mon hôte m’invita à en faire de mêmes. La tête penchée sur mes lacets j’esquissais un rictus qu’il ne pouvait pas discerner. Comme si j’allais me reposer sur lui… Bon je l’avais fait peut-être une fois. Mais franchement, en tant que coordinateur, je ne pouvais pas vraiment me permettre de lui exposer la partie la plus vulnérable, la plus intime de ma personnalité. Ca c’était une limite à ne pas dépasser. Je l’appellerai sans aucun doute, pour prendre des nouvelles, ce genre de choses mais… lui confier mes problèmes ? Grosse erreur.
«Okay. Je t’appellerai de temps en temps alors.» disais-je en me redressant et en constatant son sourire candide.
Je refermais ma veste pour éviter d’arborer mon magnifique T-shirt panda à toute la rue et je laissais Ludwig m’accompagner jusqu’à la porte. Je posais une main sur son épaule alors qu’il me remerciait pour la énième fois.J’aimerai juste qu’il arrête de me remercier.
« T’en fais pas pour ça, Ludwig. Si tu te sens mal ou si t’as l’impression d’être suivi ou en danger tu m’appelles tout de suite, d’accord ?»
Un regard,un hochement de tête.
«Au revoir. Prends soin de toi...enfin...prenez soin l’un de l’autre.»