Tout est grave et normal - Laelia

Tout est grave et normal, c'est dans l'ordre des choses.

Je me taisais. Depuis une semaine, moi, Heimdallr, le Dieu dans ta tête, je me taisais. J’imaginais le visage sévère que j’avais il y a des milliers d’années, les lèvres pincées de mécontentement. Ce n’était pas une bête dispute entre les deux colocataires d’un même corps. C’était infiniment plus grave que cela. La gravité des choses, j’avais oublié. Parfois tout semble plus simple quand on a que le poids de sa propre vie sur les épaules.

Tu étais devant la porte, le papier à la main, complètement paniqué intérieurement. C’était une bonne idée de base. Tu avais besoin d’être fort. Il fallait que tu apprennes à te maitriser. Et il e fallait le plus vite possible parce que tu ne sais pas comment tes nerfs tiendront. Jusqu’à quand ils tiendront. Parce que pour la première fois depuis que tu t’es réveillé dans la poussière tu étais seul et c’était impardonnable. Impardonnable, tu ne pourrais jamais te pardonner. Vous vous étiez disputés et depuis c’était le silence et c’était terrible comme silence parce que tu es faible dans ta tête et dans ton corps.

Alors puisque sans cette voix ton mental était au bord du craquage total, tu avais décidé de te renforcer le corps. C’était une bonne idée de base. Il fallait juste que tu trouves le courage d’y aller et quand tu y es, de te bouger le cul une dernière fois pour frapper à cette porte. C’est triste qu’à 27 ans, tu te laisses guider par la voix d’Heimdallr. Quand est-ce la dernière fois que tu as fais un choix uniquement par toi-même Jimminy ? En as-tu seulement vraiment déjà fait un ? Ce n’était pas une simple dispute c’était des années de non-dits qui commençaient à se fissurer, à se craqueler, comme une peinture qu’on écaille perversement.

Tu allais frapper à cette putain de porte oui ou merde ! Allez, Jimminy. Tu serres les dents, et grimace intérieurement. Depuis quand es-tu devenu timide Jimminy ? C’est juste que. C’est si étrange. Quand tu sors ce ne sont que les formules usuelles, les politesses qu’on dit sans même y penser, tu ne t’impliques pas, jamais. Soit tu es le commerçant, soit tu n’es que Jimminy l’enfant qui vit au-dessus d’un magasin de jouet. Aujourd’hui face à cette porte tu vas t’impliquer, prendre un véritable risque de te faire découvrir, d’être découvert. Et une petite joie insidieuse vient de rendre visite. L’excitation de faire une chose interdite sans le danger de mort. Tu ne seras pas le commerçant, tu ne seras pas le petit garçon pleurant, tu seras l’élève appliqué. A presque trente ans. Et l’idée t’amuse plus que tu ne le pensais.

Tu frappes, une fois, puis deux. Voilà c’est fait. On va bientôt venir t’ouvrir. Qui sera le professeur ? Qui sera la découverte ? C’est le silence dans ta tête et même si tu as peur pour une fois tu t’en réjouis, une sensation nouvelle et étrange au creux du ventre. Un mélange d’appréhension et d’autre chose qui te donnent des papillons. Des pas derrière la porte. Plus légers que ce à quoi tu t’attendais. Qui est-ce ? Qui est-ce ? Tu as attendu si longtemps, tu te sens comme si tu avais passé ta vie à attendre, derrière une porte sans jamais avoir le courage de l’ouvrir.

Cette fois-ci encore, ce ne sera pas toi qui l’ouvriras. Mais. Au moins tu la franchiras sans savoir vraiment quelle est cette voie, que tu empruntes sur un coup de tête pour fuir le silence de ta tête, le poids de la dispute et des mots dits en trop. Echappés, ils se sont simplement échappés de tes pensées sans que tu puisses les retenir et ce fut trop tard. Mais peu importe, qu’il continue de se taire, toi tu attends, la porte va s’ouvrir, la poignée bouge.

C’est bon Jimminy.
C’est bon.
Tu as assez attendu.

Je savais que tu finirais par t’en rendre compte Jimminy. De l’impact que j’ai sur ta vie, que je vis à travers toi comme tu vis à travers moi, qu’on se mélange un peu au final, toujours deux, mais pour combien de temps ? Parce que la sensation au creux de ton ventre moi non plus je ne la connaissais pas. Par contre je sais ce qu‘elle est : les autres hommes appellent cela « vivre pour soi ».

Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité

Vide.
Solitude.
Néant.
Le dernier élève s'en est allé, même les courants d'air semblent être aux abonnés absents. C'est toujours à ce moment-là que tu redeviens la coquille vide, la petite fille renfermée qui ne demande qu'à fuir la réalité. En fait tu es tellement déconnectée des autres réalités que tu ne te rends même pas compte que ta « rédemption » n’est pas qu’un moyen de te racheter ou de te vider la tête. C’est une occupation comme une autre, un bête métier que tu aimes malgré tout. Mais toi t’es pas fichue d’ouvrir les yeux, de tourner la page. Que tu es bête ma pauvre fille.

Soupire. Ça y est, il est enfin temps de passer à la tâche la plus fastidieuse de la journée : le nettoyage du matériel et le rangement. Quoique... nettoyer fleuret, sabre et épée ce n’est pas ce qui me dérange le plus, après tout il est important d’en prendre soin. Sauf que toi tu exagères parfois un petit peu sur ce point-là non ? M’enfin ce n’est pas comme si tu y prêtais réellement attention... ou alors... Serais-ce un moyen de retarder le moment de rentrer ? Pourtant cette grande salle vide me met toujours mal à l’aise, sans vraiment que je ne sache pourtant mais il y a tellement de choses sans raison ici bas. J’ai toujours préféré tout emporter dans la réserve pour terminer la journée. Après tout c’est dans cette pièce que ça doit être rangé autant dire que ce n’est qu’un gain de temps.

Aujourd’hui j’ai eu la chance de ne pas avoir eu beaucoup de jeunes, la journée s’est donc terminée relativement tôt. C’est un bien comme un mal, le seul ennui c’est que je n’ai, comme souvent, rien de prévu pour le reste de la journée. Je rentrerais surement composer un peu. Tu espères simplement que ton syndrome de la page blanche aura disparu. Sinon je me contenterais de jouer. Simplement. Encore et toujours, ça en devient un cercle vicieux. Si ça ne l’a pas toujours été. Je souhaite jusque que cette « ombre » ne sera pas encore de l’autre côté de la rue, à attendre je ne sais quoi. Un frisson te parcours l’échine mais tu n’y prêtes pas attention. Tu ne veux pas y prêter attention.

Soudain le bruit d’un poignée que l’on tourne.
Sursaut.
Bon sang ! Pourtant je n’attends plus personne. Je devrais certainement demander qui est là et même aller voir mais pendant quelques secondes (minutes ?) je n’ose même pas bouger de la petite pièce dans laquelle je me trouve toujours. C’est d’un ridicule, c’est tellement évident qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter ainsi. Allez secoue-toi un peu Lælia. Je sors enfin de mon trou, un enfant avide d’apprendre est sans doute en train d’attendre, trépignant, que son nouveau professeur l’inscrive à ses cours. Je pourrais même commencer de suite vu l’heure et tant pis pour la seconde séance de rangement qui m’attendra. Et... euh. Il est un peu grand pour un enfant celui-là tout compte fait.

Excusez-moi. Vous cherchez quelque chose ?

Au pire tu auras juste l’air stupide, mais peut-être que cela ne se verra pas.

Eh ! Mais qu’est-ce-que tu fais là ?!

Mesdames et messieurs, ceci est un fail dans toute sa splendeur. L’enfant/le parent/la chose (rayer la mention inutile) que je m’attendais à voir sur mes tapis d’entrainement n’est autre que le vendeur de jouets que j’ai rencontré un peu par hasard... dans sa boutique, lors d’un de mes rares moments de flâneries. Je ne peux pas vraiment dire que l’on se connait vraiment, enfin je n’en ai pas l’impression, mais vu nos quelques échanges c’est bien la dernière personne que je me serais attendue à voir débarquer ici. Ce qui explique ma réaction guère peu appropriée. Et tu t’en mords déjà la lèvre.

Est-ce que tu... hum.

Je peux faire quelque chose pour toi ?

Ça m’étonnerait qu’il vienne prendre un café.

Bon pas de rangement « second round ».
Tu crois ?

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N'essaie pas. Fais-le ou ne le fais pas.
Il n'y a pas d'essai.

C’était peut-être une pas si bonne idée. Voire carrément une mauvaise idée. Ou une idée stupide. Ou encore une idée à la con tout simplement, le genre d’idée qu’on a bourré. Fait assez étrange, quand la porte s’est ouverte ton courage a pris ses deux petites ailes à deux mains et s’est envolé à tire d’aile dans le joli ciel bleu et clair de Froënbourg. Tu te retrouves - positivement - incapable de répondre à la question pourtant ô combien simple de la jeune fille en face de toi. Qu’est-ce que tu cherches Jimminy ? Apprendre l’escrime ? Ou plus globalement faire quelque chose d’utile dans ta vie ? Il s’agit d’une bonne chose, le genre de sujet dont les personnes acquiescent la sagesse. Tu pourrais donc répondre sans te prendre un pain dans la tronche, ce n’est pas comme si tu venais pour mater la prof.

Mais la suite te cloue le bec plus surement que toutes les inquiétudes du monde. Ce passage au « tu »… Sa surprise atteint facilement la tienne en réaction. Tu repasses les derniers jours en accéléré. Vite fait. Dois-je vraiment dire que tes capacités cérébrales ne sont pas surhumaines ? Ta face dévoile ce que tu ne penses même pas à cacher. Ta stupéfaction, ton incrédulité et ce très vieil ami, le doute.

« Excusez-moi mais. On s’est déjà-vu quelque part ? Je suis désolé j’ai une très mauvais mémoire des gens…»

Tu as une mauvaise mémoire des gens parce que les gens ne t’intéressent et que les trois-quarts du temps tu les regarde à peine à moitié perdu encore aux creux de tes rêveries incessantes. Tu as une mauvais mémoire des gens parce qu’au mieux tu te méfies d’eux et qu’en conséquence tu vérifies s’ils ne sont pas armés et ne prêtes pas attention à leurs physionomie. Tu n’es pas un imbécile Jimminy juste un mec tête en l’air terriblement angoissé.

« Erm… On se connait ? Enfin. Je je viens pour prendre des cours d’escrime. Je suis un peu vieux peut-être. Ha. »

Tu commences à baisser le regard, visualiser le bord du trottoir comme si tu cherchais une échappatoire, un moyen de t’enfuir. Et il s’agit en effet à peu près de ce qui te traverse l’esprit. Tu ne cherche spas réellement à t’enfuir à toute jambe ou à tire d’aile comme ton courage, c’est plutôt que tu cherches inconsciemment à échapper à son jugement à elle, au regard empreint de mépris devant tes mots chancelants et ta faible tenue.

« Je suis vraiment désolé. Il n’est pas trop tard au moins ? »

Tu as posé ta question du bout des lèvres. Ta voix a faibli, où est donc passé le Jimminy qui se mettait à vivre d’il y a quelques instants ? Tes épaules se courbent, ton aura se recroqueville. N’abandonne pas au second obstacle Jimminy, sur le pas de cette porte, tu as vaincu ton appréhension une première fois, sans moi, sans aucune aide, aucun encouragement de ma part. Je sais que je me suis enfermé dans un mutisme colérique. Et je le resterais encore un moment même si j’ai peur Jimminy. Et s’il y a une chose que tu m’as appris c’est que tu n’es pas si faible que tu le crois quand tu arrives à vaincre ta peur. N’abandonne pas, je t’en prie. Relève la tête, tu peux le faire, je le sais parce que je t’ai vu grandir comme un père. Et comme un père je te vois aujourd’hui devant cette personne, plus forte que toi, avec de l’autorité et de toute ma pensée je veux que tu la vaincs. Tu le sens Jimminy ? En toi, cette volonté qui grandit c’est la mienne. Je veux te donner la force. Vas-y !

Ne pense pas que tu es certainement trop vieux, que ce n’est pas le rôle des grandes personnes de prendre des cours. Le monde n’a pas à te faire plier.
Ne pense pas que tu es coupable de ne pas te souvenir d’elle. Vous n’êtes pas des proches.
Ne pense rien qui te bloque, car rien n’est sensé te bloquer.

Gonfle ce poitrail livide. Par ma volonté, Jimminy Rigg, fais-le !

« Je peux entrer ? »

Ta vois est douce, plus assurée et un instant, tu te demandes si c’est vraiment toi qui parle.
Je te demande pardon. Je ne saurai pas répondre.

Penses-tu que Invité respirera encore longtemps ? Invité

L’espace d’un instant j’ai l’impression d’avoir un petit garçon en face de moi. Celui qui débarque en plein milieux d’un cours et qui est, d’un coup, impressionné de se retrouver « seul », entouré de tous ces autres enfants qu’il ne connait pas. Avant d’aller se blottir contre le parent qui l’accompagne. Je ne peux que les comprendre tous ces gosses-là. Être à l’aise avec les autres, ce n’est pas donné à tout le monde et ce n’est pas forcément quelque chose qui change avec l’âge. Il y a personne à blâmer mais cette fois, ma grande, je crois que ce sera à toi de tendre la main. T’en sens tu capable ?

Je ne me suis cependant moins attendue à ce qu’il ne se souvienne pas de moi. C’est sûr qu’avec tous les gens que tu côtoies... t’as pu en connaître beaucoup qui ont du mal à associer nom, visage et événements. Il sera pas le seul à apprendre quelque chose au moins. Loin de moi l’idée de me vexer, ça peut arriver à n’importe qui et c’est pas une discussion entre les rayons qui peut être marquante. Je le conçois parfaitement. La familiarité ce n’était pas vraiment calculé non plus.

Il n’y a pas de souci. On a juste eu l’occasion de discuter dans votre boutique de jouets il y a quelques jours. J’ai été surprise, je ne pensais pas me retrouver dans la situation inverse. Et désolée pour le tutoiement, j’ai plutôt l’habitude de voir des parents avec leurs enfants haut comme trois pommes... du coup ça m’a un peu échappé.

Je me sens un peu gênée, bien que ça ne soit pas flagrant. Et surprise, encore une fois, quand il annonce venir ici pour des cours d’escrime. Vraiment je ne m’y serais pas attendue. Et c’est un peu une première pour moi, je n’ai jamais eu l’occasion d’enseigner cette discipline à des adultes. Mais ça ne sera pas un problème en soi. Je suppose.

Je suis un peu vieux peut-être. Ha.

Mais non. Tu sais ce qu’on dit : il n’y a pas d’âge pour apprendre. Ça sera peut-être un peu plus compliqué mais ça ne me dérange absolument pas.

La situation semble un peu coincée, d’un côté comme de l’autre. Il n’y a pas vraiment de malaise -enfin je ne crois pas- mais cette situation peu anodine me paraît être une colle. Autant s’il avait s’agit d’un problème de métaphysique ça aurait été dans tes cordes, autant te retrouver coincée dans un « problème » social... on pouvait directement te mettre une note en-dessous de cinq.

Je peux entrer ?

Oh. Oui bien sûr.

Je n’avais plus de cours à donner pour ce soir mais ce n’est absolument pas un souci on peut parfaitement commencer un peu dès maintenant. Je vais chercher ce qu’il faut comme équipement et je reviens.

Je suppose que vous n’avez jamais pratiqué, donc je vais vous faire une petite présentation. En escrime on utilise trois armes différentes : le fleuret, le sabre et l’épée. Leur taille et leur poids sont relativement proche, excepté pour l’épée qui est plus lourde. Ce qui change ce sont les aires de touche et donc la manière de les utiliser. Le fleuret et l’épée, tandis que le sabre est une arme d'estoc, de taille et de contre-taille. Voila pour la présentation globale, on rentrera plus dans les détails en pratique.

Si ça vous intéresse toujours, évidemment. Pour commencer nous utiliserons le fleuret. C’est l’arme de base de l’escrime et la plus simple à manier. » Sur ces mots je le lui tends. « Par contre, il faudra voir pour la tenue, niveau taille tout ça. Mais pour le moment ça ira, on fera doucement.

Bon le tout maintenant, c’est de voir comment il se débrouille, s’il est à l’aise et surtout... si ça lui plaira. Je recule alors de quelques pas, laissant une distance suffisante pour nous permettre de rentrer dans le vif du sujet : le maniement de l’arme.

La zone de touche pour le fleuret, c’est uniquement tronc et ce juste avec la pointe. Donc je vais vous demander d’essayer de marquer un point en me touchant. Ainsi nous verrons si vous êtes à l’aise avec cette arme à la main. Et si vous avez la moindre question, surtout vous n’hésitez pas.

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I bite my tongue, I clench my fists
Resist at first and then reverse

Parfois tu te dis que tu dois venir d’une autre planète. Ce serait une bonne explication pour tout un tas de choses. Comme le fait que tu n’ais aucune habilité avec les autres humains. Est-elle seulement humaine ? Pourquoi penses-tu cela ? Tu doutes soudainement, tentes de réfréner ce sentiment honteux. Si tu te mets à douter des inconnus, bien sûr que tu en doutes! Tu ne les connais pas, tu ne connais personne. Et toi-même ?

Vivre avec un Dieu d’Asgard et avoir été élevé par lui, c’est surement un peu comme venir d’une autre planète en fait. Du moins d’un monde à part. et en ayant tout appris d’un inhumain, d’un être qui découvrait la vie autant que toi si ce n’est plus, comment peux-tu te dire entièrement humain ? Nous ne savons plus qui nous sommes, nos identités hier bien séparées se craquellent et c’est insupportable. Suis-je celui que j’étais jadis ? Et toi… et toi Jimminy, es-tu toujours quelqu’un ? L’as-tu seulement déjà été ? Nous tombons dans un gouffre d’incertitude.

Tu étais qui m’apprenait le monde, qui m’apprenait l’humain, si fragile et perdu et j’étais le protecteur, la voix logique, froide, indéfectible et toute-puissante de la raison.
Ecoute-moi je t’en prie. Je voudrais parler. Mais une fierté oublié, un orgueil qui m’était jusque-là inconnu m’en empêche. Tu la suis sans savoir où tu entres, où tu mets les pieds. Oh Jimmy. Notre équilibre était si parfait, il l’a été pendant si longtemps. Dis-moi ce qu’il se passe pour que tout ce que nous sommes semblent alors si incertain. Où sont nos certitudes ? Sais-tu seulement ce que tu fais devant cette fille, cette femme ? Que cherches-tu dans ses yeux et ses explications que tu bois les yeux grands écarquillés, un peu gauche, la bouche sèche et l’esprit fou ?

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire tu te retrouves avec un euh fleuret qu’elle te tends et que tu prends. Si tu as des questions ? Une bonnes centaines te traverses la tête à toute berzingue. Comme « okay donc il existe des épées qui ne sont pas des épées, comment on les différencient exactement ? » ou « Euh ce sont des cours particuliers ou en groupe normalement ?». Mais il faut avouer que tu te demandes surtout ce que tu fous ici.
Ha oui. Le tatoin comme quoi tu veux devenir fort tout seul comme un grand.
De un, je suis assez fort pour deux. Je nous ai vaillamment maintenu en vie jusqu’ici non ?
Deuxièmement, tu es DÉJÀ grand.
Troisièmement, tu n’as pas de lame en ta possession, en quoi ça te servirait pour te défendre t’apprendre à t’en servir ? Jimminy, parfois tu me fais de la peine. Sincèrement, tu devrais mieux réfléchir et observer avant de sauter à pied joint dans les flaques. Tu vas finir par tomber dans un lac.

« Euh oui des questions. Euh c’est un fleuret c’est ça. Erm. Il y a une position particulière pour le tenir ? »

Tu te sens un peu stupide de demander ça. Tu l’as prise de la main droite plus parce que tu n’aimes pas utiliser la gauche que par réel savoir mais bon, un bon point pour toi. Par contre, tu as bien failli le tenir à la Zorro et c’est d’ailleurs le seul moyen que tu vois de l’utiliser. Sans la main gauche sur la hanche parce que sérieux c’est ridicule. D’ailleurs c’est un ou une fleuret ?
Tu songes que potasser aurait été une bonne idée.

« Ah et aussi. Les cours sont de quelle heure à quelle heure normalement ? Enfin. Une touche sur le tronc c’est ça ? Je vais. Euh. Essayer. »

Tu prends le fleuret fermement, la main moite comme tu prendrais une spatule pour cuisiner. Tu te concentres sur ta cible c’est-à-dire la poitrine de ta professeure - en tout bien tout honneur. Tu avances d’un pas et.
L’Œil de l’éclaireur se met soudainement en fonctionnement. Tu vois d’un coup loin derrière elle, jusqu’à l’autre bout de la salle, le moindre grain sur le mur et puis même.
Tu perds l’équilibre et te croûtes méchamment comme à chaque fois que notre super vue s’active.
Pour ta défense si tu n’étais pas en train de presque te jeter en avant, tu te serais simplement écroulé et se serait passé pour un malaise.
Finalement elle aurait peut-être dû voir par une tenue et des protections avant de te mettre une lame entre les mains.

» Tout est normal ici ! Mais il n'empêche t'as pas vu une flaque de sang ? [Pv Jude ♥]
» La fête du printemps est prétexte à tout…
» T'es mignon, mais t'es un tout petit breton
» lya ☆ deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin.

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