Tu le fixes, lui, cet homme qui te regarde. Cet homme aux yeux assombris par la connaissance d'une mort certaine, cet homme au sourire provocateur, cet homme qui malgré sa peau pure et sans défaut conserve beaucoup de cicatrices. Des marques invisibles que l'on ne peut distinguer, des gravures inoubliables que l'on ne peut deviner. Le genre de souvenirs qui vous hantent jours après jours, sans jamais vous laisser un tant soi peu vous reposer. Il est là cet homme en face de toi qui semble bien sûr de lui, pourtant, tu le sais, au fond, il n'est pas aussi stable qu'il ne l'assure. Ses lèvres s'ouvrent et tu entends sa voix résonner. Mensonges. Cruautés. Provocations. Prétention. Quelle infamie. Il est faux, cet homme, tellement faux. Mais il ne peut faire autrement, il ne fait que jouer son rôle : celui de l'homme cruel qui doit vous ôter la vie sans que vous comptiez pour lui, misérables poussières humaines, mortelles, tellement simples à faire disparaître. Pourtant derrière ce masque rigide de provocations, d'un être vil aux mauvaises intentions, tu sais qu'il se cache tout autre chose. Fragile. Brisé. Détruit. Annihilé. Tu sais qu'au fond lui-même a peur, de la vie bien plus que la mort, de lui-même bien plus que des autres, car il n'existe que dans le but de détruire finissant par lui-même s'exiler dans une solitude aux airs de fierté et d'orgueil mal placé. Tu sais qu'il est loin d'être agneaux, qu'il a lui aussi ses défauts. Oui, il est prétentieux, oui, il est arrogant, oui il est possessif, jaloux, orgueilleux. Il est mauvaise langue et vantard, il est narcissique et fuyard, bagarreur et faussement innocent, mais il est affectueux, il peut lui aussi se montrer doux et possesseur d'un cœur, il connaît la solitude et la peur, l'incertitude constante, cette gêne, ce malaise, mais jamais il ne le dira, tout ça, il doit jouer son rôle, garder son masque devant les autres. Tu aimerais bien le nier, pourtant, tout ça.