Dreams reveal what we are
feat. Astrid Holmlund
A force de parler, tu en apprends un peu plus sur elle, elle captive ton attention et tu l'écoutes avec plaisir, buvant ses paroles, accroché à ses lèvres. Mais tu ignores ce que ça fait d'avoir des dons que depuis récemment. C'est vrai que tu as eu la chance de les avoir à une période où le rêve était encore permis, mais aujourd'hui, si tes dons t'étaient apparus seulement aujourd'hui, comment aurais-tu réagi ? Difficile d'éprouver de la compassion lorsque les vécus diffèrent à ce point, et tu ne veux pas lui mentir non plus. Alors tu hausses les épaules et baisses la tête.
« C'est sans doute plus facile à cacher quand on est plongé dedans depuis longtemps. Pour toi, ça a dû être plus difficile, de devoir appréhender la magie, tout en la cachant. Surtout si tu ne contrôles pas. »
Parce que quand tu es enfant, il y a plus d'empathie avec les parents, même s'ils te grondent, ils ne te rejettent pas non plus. Ils t'apprennent et font tout pour t'aider, pour ne pas te renier. Enfin, certes, cela dépend des parents évidemment, Sohan, tu as eu de la chance d'avoir eu des parents aimants - un peu trop même - et tu as pu t'en sortir relativement facilement. Et pourtant, tu sais qu'il y a quelque chose qui cloche chez ton père, surtout, il te cache des choses.
Quoiqu'il en soit, tu n'as pas de regret, car sans ça, tu n'aurais jamais rencontré tous ces gens autour de toi, tu serais resté un gamin normal, confondu dans les normes de la société, un gosse parmi tant d'autres, gris, qui suivent une voie sans se poser de questions. Tu as bouleversé tes proches, tu as remis en question la conformité.
Tu brises le silence, un silence qui t'inquiétait dans l'obscurité, car tu es incapable de voir les expressions du visage d'Astrid, n'interprétant donc ses réactions que par les sons qu'elle produisait, entre la paroles et la respirations, éventuellement le bruit des draps exprimant un mouvement. Mais heureusement, elle te répond positivement, brisant tes doutes et le silence et tu réponds avec enthousiasme :
« Oui oui, ça va ! »
Et puis elle t'explique les raisons de son silence, tu souris dans le noir, tu te doutais bien que les dieux étaient un peu comme les hommes : diverses, et donc parfois menteurs, cyniques, faux. Certains dieux étaient même vénérés pour ces défauts. Et puis à parler de dieux, vu le nombre qu'elle en a rencontré, tu restes abasourdi, admiratif, et sans t'en rendre compte, tu t'étais penché vers elle pour siffler.
« Whoah ! Impressionnant ! »
Sincèrement, pour toi qui voulait devenir archéologue, rencontrer autant de sujets historiques étaient un exploit que tu voulais réaliser. Mais à ton stade d'études, tu ne te rendais pas compte de l'étendue de l'importance que cela pourrait avoir sur les recherches. Et l'idée germe dans ta tête : et si c'était vrai ? Si elle attirait les dieux vers elle, inexorablement ? Ce serait tellement génial ! Ton admiration pour elle ne fait qu'augmenter de minute en minute.
Parce que tes propres rencontres avec les divinités n'étaient dû qu'au hasard, parce que tu te trouvais là au mauvais endroit au mauvais moment, un peu, et tu n'étais jamais seul, c'était souvent au milieu d'autres gens. Notamment Hathor, mais tu n'as jamais demandé à tes camarades s'ils ont vécu la même chose...
« En fait... C'était un peu étrange. C'était un accident. On était en train de fouiller le temple d'une déesse, et on est tombé sur une statuette. Je ne me souviens plus trop, mais, je crois qu'on s'est tous évanouis, parce qu'on s'est réveillé à l'hôpital. Mais, je me souviens de son visage, elle m'a souri. C'est la première fois que quelqu'un vient me voir dans un rêve, dans mon rêve. »
Car ça fait combien de temps, Sohan, que tu n'as plus rêvé, outre tes évasions diurnes vers des univers dans ta tête sans l'aide du sommeil ? Mais tu ne sais pas si elle distingue la différence que tu espères lui dévoiler ainsi. Aussi, tu te sens obligé de développer, en baissant un peu plus le ton :
« Parce que, en fait... je rêve plus. J'ai un pouvoir qui m'en empêche. Je sais plus rêver, alors, je visite les rêves des autres. Mais cette fois-là, je ne suis allé nulle part, c'est elle qui est venue... »
Tu baisses la tête, rougis en te rappelant que tu venais d'appliquer ton don sur Astrid. Honteux, tu t'excuses lamentablement, avant qu'elle ne se souvienne - si elle s'en souvient vraiment - et qu'elle ne t'en veuille.
« C-c-c'est plus fort que moi ! Je... J'ai visité ton rêve... Je... excuse-moi... Mais c'est pas... c'est pas... du voyeurisme. Je peux pas voir les mauvais rêves ou les cauchemars, juste ceux qu'on se souvient pas, normalement. »
Une grimace d'excuses s'étire sur tes lèvres, en espérant atténuer ton erreur.
Crédits de Tictac Frey
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