Les Poisons ne se font pas attendre, ils restent en formation et s'avance dans ma direction comme pour une battu. Mais cette fois je sais de quoi ils sont capables, je les entends courir bien en rang, synchronisés comme des machines, alors que nous disparaissons peu à peu, nous enfonçant toujours plus dans les bois. Ils me coursent ? Combien sont-ils ? Je crois discerner quatre bruits de pas, mais c'est difficile à dire tant leurs grabuges coïncide presque parfaitement.

Je m'arrête finalement pour lancer un regard derrière moi. Impossible de discerner mes deux collègues tant la flore prolifère dans ce coin de la forêt. Parfait, c'est exactement ce qu'il me fallait, je peux à présent me battre sans risquer d'être vu.

Je les entends plus distinctement, elles se rapprochent. L'idée d'un affrontement à quatre contre un me dérange quelque peu, mais s'ils sont aussi faibles que les deux que j'ai affronté précédemment je devrais m'en tirer, surtout qu'ici, j'ai l'avantage du terrain.

Je me libère de ce corps humain désagréable et m'enfonce dans les hautes herbes pour observer mes proies, deux d'entre elles sont armées, une lame et une arbalète, étrange… Pourquoi favoriser une arbalète à une arme à feu ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir, les cibles s'arrêtent. Sentent elles l'odeur de mon sang proche ?

Je déploie mes ailes et m'élève à peine au-dessus des arbres en dessinant des cercles dans les aires pour gagner de la vitesse, je ne prends pas le risque de l'élever plus haut au risque d'être vu ou d'entrer dans la ligne de mire du Poison.
Je cumule suffisamment de vitesse pour planer puis fond tout droit sur mes proies, repliant mes ailes pour passer entre les arbres et surgir en moins d'une seconde de la dense végétation. Avant même qu'ils ne le réalisent, je me retrouvais au sol les crocs plantés dans le cou d'un d'entre eux, l'impact fut si fort que nous partîmes tous deux en roulé boulé sur trois mètres.

J'observe une seconde l'homme agonisant, puis me retourne vers les trois assaillants restant, trois contre un c'est déjà mieux. L'homme aux cheveux cendrés avait raison, ils m'ont suivi sans réfléchir… C'est troublant. Je ne lis aucune surprise sur leurs visages, se moquent-ils de la mort d'un des leurs ?

Je pousse un rugissement perçant et m'entoure de mes ailes alors que je sens mes muscles se raidirent, comme si mon corps tout entier n'était qu'une énorme crampe, la douleur m'envahie et voilà qu'après quelques instants à gémir et à combattre de violents spasmes je m'élève sous ma forme de mastodonte. Perçant du regard le Poison devant moi qui en avait profiter pour m'envoyer plusieurs carreaux.

L'un d'entre eux se défile et avant même que je ne m'élance à sa poursuite les deux autres s'interpose entre moi et lui, pourquoi font-ils cela ? Fuit il ou va t-il parti prévenir son chef ? Mes deux opposants m'attaquent simultanément et j'essuie quelques coups avant de repousser l'un d'entre eux d'un revers du bras.

Le deuxième, un non armé, utilise un pouvoir étrange pour faire apparaître des lames de jet, mais une fois au combat rapproché sont arme est inefficace, je l'attrape d'une patte et le projette contre un arbre plus loin, je traîne mon corps pesant jusqu'à lui, le maintiens au sol et arrache ce que je peux de chair, jusqu'à ce que l'autre s'élance à nouveau vers moi plantant de toutes ses forces sa lame dans mon épaule. Je pousse un rugissement de douleur, le balaie d'un coup de queue et pris d'un excès de rage, je comprime son thorax contre le sol jusqu'à étendre ses os se rompre.

Je reviens immédiatement à ma forme originel, plus essoufflé que blessé, son arme avait peiné à se frayer un chemin au travers de mes écailles plus épaisse sous cette forme. Utiliser se pouvoir était une mauvaise idée, je n'ai clairement pas suffisamment mangé pour m'en servir correctement. Je vacille jusqu'à la dépouille précédemment entamé et fini de me repaître dans l'espoir de ne pas tomber dans les pommes… Je n'ai pourtant utilisé ce pouvoir que deux ou trois  minutes.